La biopsie cutanée de plaie est un geste technique médical courant, mais parfois sous-utilisé. Elle peut pourtant changer totalement la stratégie thérapeutique en cas de plaie chronique, atypique ou suspecte.
Pourquoi biopsier une plaie ?
Dans certains cas, seul l’examen histologique permet :
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D’identifier une cause tumorale (carcinome épidermoïde)
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De détecter une infection profonde avec précision
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D’éliminer des causes rares (vascularite, pyoderma gangrenosum, infections atypiques, etc…)
Quels signes doivent alerter ?
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Absence de cicatrisation après 6 semaines malgré soins adaptés
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Douleur inexpliquée
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Bourgeon charnu ou infiltré
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Nécrose sans cause vasculaire
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Plaie sur terrain immunodéprimé ou cancéreux
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Localisation atypique (au-dessus du genou…)
- Plaie trainante depuis plus de 6 mois
Comment réaliser une biopsie de plaie ?
Matériel :
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Punch ≥4 mm (souvent 2 à 3 prélèvements)
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Bistouri si nécessaire
Anesthésie :
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Lidocaïne seule ou associée à l’adrénaline (sauf extrémités : doigts, orteils, nez, verge)
Prélèvement :
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Toujours après désinfection rigoureuse
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En périphérie de la plaie
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Zone active si doute clinique
Trois grands cas cliniques
1. Suspicion tumorale
Biopsie des berges et zones hypertrophiques. Fixation au formol, envoi en anatomopathologie.
2. Suspicion infectieuse
Biopsie profonde après détersion. Rinçage au sérum physiologique. Envoi en bactériologie dans un flacon stérile (sans formol).
3. Ulcère atypique ou rare
Recherche de vascularite, pyoderma, calciphylaxie, infection par mycobactéries ou parasites. Biopsie de la bordure active.
Risques et contre-indications
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Risques : saignement, douleur post-acte, cicatrisation retardée
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Contre-indications relatives : zones irradiées, mal vascularisées, patients sous AOD, extrémités (doigts, nez), zones proches d’un os ou matériel
👉 Une biopsie bien réalisée oriente la prise en charge et peut éviter des mois d’errance thérapeutique.