Plaie chronique : quand demander un avis médical ?

La gestion des plaies peut parfois être délicate, notamment lorsqu’elles ne guérissent pas dans un délai habituel. Il est crucial de savoir à quel moment consulter un professionnel de santé pour obtenir un avis médical. Voici les principaux points à considérer :

La localisation

Certaines localisations des plaies nécessitent une attention particulière. Même si une plaie semble superficielle, elle peut nécessiter un avis médical, notamment :

  • Toute plaie située sur la main, en raison de la complexité de cette zone.
  • Les plaies profondes qui atteignent des structures comme l’os, les tendons, les muscles, les vaisseaux sanguins ou les nerfs.
  • Les plaies persistantes sur des zones inhabituelles comme la tête, le cou, le visage, les membres supérieurs ou le tronc.
  • Toute plaie avec exposition de matériel (ex. matériel chirurgical ou prothèse).
  • Les brûlures sur des zones fonctionnelles ou esthétiques, qui peuvent compromettre la fonction ou l’apparence.

Le contexte

Le contexte dans lequel la plaie est apparue joue également un rôle majeur dans la nécessité de consulter un médecin :

  • Les plaies multiples qui ne cicatrisent pas chez un patient jeune.
  • Les plaies extensives survenant après un traumatisme.
  • Les plaies apparues après un retour de voyage, notamment en provenance de pays exotiques.
  • Toute brûlure, même petite ou superficielle, qui ne cicatrise pas après trois semaines.
  • Les plaies du pied chez une personne diabétique, qui sont particulièrement à risque.
    Toute plaie douloureuse nécessite également une évaluation.
  • Toute plaie associée à de la fièvre, un signe d’infection sous-jacente.
  • Les plaies survenant suite à une morsure animale.

La notion de temps

La durée pendant laquelle une plaie persiste est un indicateur clé :

  • Une plaie présente depuis plus de six semaines sans soins infirmiers doit susciter l’inquiétude.
  • L’absence d’amélioration d’une plaie après un mois de soins infirmiers bien conduits doit également inciter à consulter.
  • Une dégradation brutale de la plaie ou une progression rapide nécessite une prise en charge immédiate.

L’aspect de la plaie

L’aspect visuel de la plaie est souvent révélateur de sa gravité :

  • Une plaie recouverte d’une plaque noire ou nécrosée, en particulier sur un membre inférieur, nécessite une attention particulière.
  • Les plaies multiples recouvertes d’une plaque noire ou présentant une nécrose (fond noir) doivent également être surveillées de près.
  • Les plaies qui bourgeonnent excessivement, prenant un aspect de « chou-fleur », peuvent indiquer une anomalie dans le processus de cicatrisation.
  • Toute plaie d’aspect atypique ou « bizarre » dans sa forme ou ses bordures nécessite une évaluation par un professionnel de santé.

Si vous avez des questions ou des doutes concernant une plaie qui tarde à guérir, n’hésitez pas à me contacter via la messagerie e-medicica.

Hyperbourgeonnement : une clé inattendue pour certaines plaies ?

Hyperbourgeonnement : une clé inattendue pour certaines plaies ?

🌼 🌼 🌼Découvrez le rôle des pansements induisant l’hyperbourgeonnement dans la cicatrisation. Apprenez comment les dermocorticoïdes modèrent ce phénomène et accélèrent l’épidermisation des plaies difficiles, tout en surveillant les risques associés🌼 🌼 🌼

Dans le domaine de la cicatrisation, certains pansements, notamment ceux à base de carboxyméthylcellulose (CMC) (la plupart des hydrogels et certains hydrofibres), ainsi que les tulles gras, sont reconnus pour induire un hyperbourgeonnement. Il est important de noter que cet effet est fréquent et peut se manifester de façon imprévisible.

L’hyperbourgeonnement, bien qu’inattendu, peut être bénéfique dans certaines situations.
L’utilisation de dermocorticoïdes est utile pour modérer cet hyperbourgeonnement et accélérer l’épidermisation des plaies, en particulier quand l’hyperbourgeonnement est au contact des bords de la plaie. Cependant, il convient de rester vigilant face au risque d’atrophie cicatricielle qui peut accompagner ce traitement.

Cette approche s’avère particulièrement utile pour traiter des plaies rebelles, telles que les ulcères fibro-scléreux, ou des ulcères artériels post-revascularisation, qui présentent une lenteur de cicatrisation, ainsi que pour les plaies profondes, cavitaires ou de grande surface, qui pourraient autrement nécessiter une greffe.

En pratique, une fois l’hyperbourgeonnement atteint grâce aux pansements inducteurs, ceux-ci sont maintenus jusqu’à obtenir un niveau d’hyperbourgeonnement jugé satisfaisant. Par la suite, l’application quotidienne de dermocorticoïdes en crème épaisse est recommandée pour accélérer l’épidermisation et aplanir les bourgeons. Ce traitement doit impérativement être réalisé sous étroite surveillance médicale en raison du risque infectieux lié à l’usage des dermocorticoïdes et nécessite une expertise spécifique.

Dans certains cas, si la plaie présente une croissance inégale des bourgeons, l’application de dermocorticoïdes peut être adaptée, par exemple en alternant un jour sur deux ou deux fois par semaine, afin de cibler de manière optimale les zones nécessitant un traitement.

Ulcère : ne pas passer à côté de l’insuffisance veineuse fonctionnelle

Ulcère : ne pas passer à côté de l’insuffisance veineuse fonctionnelle

L’ulcère veineux fonctionnel peut se cacher derrière une imagerie normale, mais ses conséquences sont bien réelles. Découvrez comment éviter ce piège fréquent en posant les bonnes questions et en réalisant un diagnostic clinique minutieux

se définit comme une absence de lésions veineuses profondes ou superficielles.
Les examens d’imagerie comme l’échographie doppler veineux des MI ne retrouvent pas d’anomalies.

Tout comme l’insuffisance veineuse classique, l’insuffisance veineuse fonctionnelle entraîne une hyperpression veineuse dans les membres inférieurs avec des conséquences similaires (douleurs, ulcères et œdèmes).

Peut aussi aggraver une insuffisance veineuse ou veino-lymphatique lésionnelle préexistante.

Quelles en sont les causes ?

Les principales causes d’hyperpression veineuse incluent :

  • l’obésité
  • la chirurgie de hanche de genou et de cheville
  • les troubles de la marche
  • la sédentarité
  • l’ankylose de cheville, la déformation de cheville permanente
  • l’orthostatisme prolongé

L’obésité provoque une hyperpression veineuse dans les membres inférieurs.
De même, une personne debout, assise trop longtemps ou piétinant toute la journée développera aussi une hyperpression veineuse.

La chirurgie de la hanche, du genou ou de la cheville peut causer des perturbations importantes du retour veineux.
De même que l’ankylose ou les déformations permanentes de la cheville (ex. : pied en varus équin irréductible).

Les troubles de la marche, comme un déficit de pression au niveau du mollet ou un mauvais appui plantaire, entraînent une mauvaise chasse veineuse.
De même, un patient sédentaire marchant moins de 30 minutes par jour peut développer une insuffisance veineuse ou veino-lymphatique fonctionnelle avec des œdèmes.

Bilan

Pour identifier une insuffisance veineuse fonctionnelle, il est essentiel de poser les bonnes questions lors de l’interrogatoire et de réaliser un examen clinique minutieux.

Parfois, l’insuffisance veineuse fonctionnelle est difficile à détecter, car l’œdème peut être absent lors de la consultation.
Dans ce cas, demander au patient s’il ressent des jambes lourdes, des douleurs en fin de journée, ou s’il observe un gonflement des chevilles ou des œdèmes en fin de journée, des signes qui orientent vers une insuffisance circulatoire.

Les ulcères veineux fonctionnels, comment les reconnaître ? 🩺

Les ulcères liés à l’insuffisance veineuse fonctionnelle ressemblent beaucoup aux ulcères veineux classiques. Leur apparence et leur localisation sont similaires. Ils peuvent être accompagnés de signes cutanés classiques compliquant l’insuffisance veineuse comme l’atrophie blanche ou la dermite ocre.

Le piège ? Pas de lésions visibles à l’échographie.

Comment traiter ces ulcères ? 🛠️

Le traitement est identique à celui des ulcères veineux classiques :
Contention et compression adaptées
Mesures d’hygiène (Repos avec jambes surélevées, Arrêt du piétinement ou des stations debout prolongées 🚶‍, etc…)
Lavage, détersion et pansements appropriés

Le piège à éviter ⚠️

Imaginez : une personne âgée, vivant seule, avec un petit ulcère douloureux au niveau de la cheville, mais sans œdème visible. On lui prescrit simplement un pansement, mais pas de contention. Pourtant, en posant les bonnes questions, on aurait su qu’elle reste assise toute la journée dans son fauteuil, avec des chevilles qui gonflent en fin de journée… Une contention aurait résolu le problème.

Conclusion

Posons les bonnes questions pour identifier l’insuffisance veineuse fonctionnelle.

Un ulcère lié à l’insuffisance veineuse fonctionnelle nécessite toujours une contention adaptée.

Si un ulcère des membres inférieurs à fond fibrineux n’a pas d’explication inflammatoire (comme une infection, artériopathie, hyperappui, prise de médicaments, allergie, etc.) et qu’aucune lésion veineuse n’est visible à l’imagerie, il faut suspecter une hyperpression veineuse fonctionnelle.

Le Pouvoir des Soins Simples : une Leçon de Guérison

Le Pouvoir des Soins Simples : une Leçon de Guérison

Imaginez une patiente de 87 ans, entrant dans une institution médicalisée. Dès son arrivée, elle présente un ulcère circonférentiel à la jambe droite, accompagné d’un léger œdème. C’est une conséquence de son insuffisance veino-lymphatique. Ne marchant plus, elle reste assise dans son fauteuil roulant, mais parvient encore à faire des transferts. Avec quelques troubles cognitifs, elle suit une corticothérapie à long terme pour une polyarthrite rhumatoïde déformante. Le bilan vasculaire est rassurant : ni AOMI, ni insuffisance veineuse superficielle ou profonde. Mais elle est dénutrie. 🍽️

 

On décide de mettre en place une contention par kit multitype, avec une protection cutanée, car sa peau est très fine et fragile. 🩹 Malgré ces précautions, les infirmières découvrent une exposition du tendon tibial antérieur sur 3 cm. Le tendon est bien visible. 👀

 

Ce type de cas n’est malheureusement pas rare. Prendre en charge une telle plaie est un véritable défi. Le tendon, mal vascularisé, est difficile à couvrir. Il peut facilement s’infecter ou nécroser s’il s’assèche. On envisage souvent des traitements de seconde ligne comme la thérapie par pression négative, l’électrostimulation, le PRP, les matrices dermiques, voire une chirurgie de recouvrement. L’immobilisation est également souvent nécessaire. 🚑

 

À l’examen, une surprise : le tendon est sain. Il n’est ni sec, ni jaunâtre. La bordure et la périphérie ulcérée ne montrent aucun signe d’infection. Lors de la détersion tangentielle au ciseau, un micro-saignement apparaît rapidement. 💉

 

Compte tenu de la mobilité réduite de la patiente, nous faisons un choix : ne pas l’immobiliser davantage. Nous décidons de maintenir la contention actuelle, sans trop serrer. Un tulle gras en double couche est appliqué sur la zone du tendon, le tout recouvert avec un pansement hydrofibre pour l’ulcère périphérique. Les infirmières, avec une régularité exemplaire, procèdent à une détersion tangentielle du tendon jusqu’à obtenir un micro-saignement. 🏥

 

Un mois passe. Le tendon, autrefois exposé, est maintenant complètement recouvert d’un tissu de granulation. 🎉

 

La morale de cette histoire ? Parfois, il suffit de prendre le temps de réfléchir pour simplifier des plaies complexes. Pas besoin de techniques lourdes ou d’hospitalisation. Juste une approche réfléchie et soignée. 🌿

Comment traiter efficacement certaines plaies d’orteils du pied diabétique sans recourir à l’amputation

Introduction

Certaines plaies du pied diabétique, notamment celles situées sur la face dorsale des orteils avec exposition osseuse ou articulaire, posent un vrai défi de cicatrisation.

Trop souvent, ces plaies de petite taille (moins d’un centimètre) mènent à une amputation, alors qu’il existe une approche simple, mécanique et efficace, à mettre en œuvre avant tout traitement complexe.

 

Vérifications indispensables avant tout traitement local

Avant d’appliquer une stratégie de traitement local, il est impératif de vérifier :

  • L’absence d’infection ostéo-articulaire
  • L’absence d’artériopathie des membres inférieurs

Pourquoi ces plaies sont si problématiques ?

La zone exposée empêche la fermeture spontanée. Les mouvements de l’orteil aggravent l’exposition. La proximité de l’os augmente les risques d’infection, rendant la cicatrisation difficile.

 

Une méthode simple et mécanique pour favoriser la cicatrisation

1. Immobilisation de l’orteil

L’orteil malade est immobilisé avec l’orteil adjacent qui sert de tuteur, à l’aide de sparadrap.

2. Prévention des frottements

Intercalez une compresse ou un pansement à base d’alginate pour éviter une nouvelle plaie entre les deux orteils.

3. Mise en hyperextension

Placez l’orteil malade en hyperextension avant de le fixer. Cela réduit la surface exposée et rapproche les bords de la plaie.

4. Padding plantaire

Ajoutez une bande Nylex sous les orteils : lors de la marche, les orteils remontent automatiquement en hyperextension.

Résultat : une cicatrisation facilitée

Lorsque les bords de la plaie sont mécaniquement rapprochés (écart < 2 mm), la fermeture devient possible, même avec un os exposé.

Quel pansement utiliser ?

Utilisez un pansement favorisant un milieu humide contrôlé :

  • Pansements hydrocellulaires
  • Pansements à base de NOSF

Objectif : éviter les bordures sèches ou macérées.

Conclusion

Avec cette approche locale et mécanique, plusieurs cas ont été cicatrisés sans recourir à des traitements secondaires coûteux ou à l’amputation.

Avant toute solution invasive, testez cette méthode simple, reproductible.

Pansements humidifiés : la confusion persiste

Pansements humidifiés : la confusion persiste

Il y a quelques mois, j’avais publié un post sur l’humidification systématique des alginates de calcium. La plupart des experts avaient indiqué que cette pratique n’était nécessaire que dans certaines circonstances.

Pourtant, ce discours continue d’être relayé par certains représentants commerciaux. Cela génère de la confusion, notamment avec les hydrofibres, dont l’apparence et la texture sont parfois similaires aux alginates.

Résultat ? Certains pensent à tort qu’il faut humidifier entièrement les hydrofibres avant application, comme pour les alginates de calcium. Cela peut entraîner des risques importants de macération.

📋 Un exemple récent : J’ai vu la semaine dernière un patient de 59 ans souffrant de mycoses interdigitales importantes après avoir porté des bottes pendant une longue période. Des hydrofibres humidifiés avaient été appliqués, provoquant une dermite étendue sur l’avant-pied avec une colonisation bactérienne importante.

À première vue, on aurait pu croire à une neuropathie diabétique périphérique tant la plaie était grave. Heureusement, ce n’était pas le cas, car cela aurait pu mener à une amputation transméta-tarsienne.

Cet exemple illustre les conséquences graves qu’un discours commercial répété peut avoir en semant la confusion dans l’esprit des professionnels de santé.

⚠️Il est crucial de rester vigilant face aux informations relayées et de s’assurer que nos pratiques sont adaptées à chaque type de pansement.