10 questions indispensables pour bien traiter une plaie du membre inférieur

Introduction

Les plaies des membres inférieurs peuvent avoir de multiples causes. Une mauvaise identification des facteurs sous-jacents peut entraîner un retard de cicatrisation ou des complications sévères.

Dans cet article, nous vous proposons 10 questions essentielles à poser lors de l’évaluation d’une plaie, afin d’assurer une prise en charge optimale et personnalisée.

1. Y a-t-il une artériopathie des membres inférieurs ?

L’artériopathie est une cause majeure de retard de cicatrisation.
📌 Examen clinique :

  • Palpation des pouls périphériques
  • Recherche de signes cliniques secondaires
  • Mesure des IPS et IPSO
  • Écho-doppler artériel

2. Y a-t-il une hyperpression veineuse ?

Deux origines possibles :
Hyperpression veineuse centrale : insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique sévère
Hyperpression veineuse périphérique :

  • Insuffisance veineuse superficielle (varices)
  • Insuffisance veineuse profonde (syndrome post-phlébite)
  • Insuffisance veino-lymphatique (troubles de la marche, raideur ou ankylose de cheville, obésité, chirurgie des MI récente…)

3. Y a-t-il une infection ?

L’infection peut être locale, loco-régionale ou générale.

Il est essentiel d’évaluer également les signes d’infection ostéo-articulaire associée.

4. Y a-t-il un problème d’appui ?

Certains troubles neurologiques favorisent l’apparition de plaies chroniques, notamment :

  • Neuropathie diabétique périphérique
  • Autres troubles neurologiques affectant la marche

5. Y a-t-il un problème de nutrition ?

Un état nutritionnel dégradé ralentit la cicatrisation.
🔎 Vérifications :

  • Évaluation par le Mini Nutritional Assessment (MNA)
  • Recherche de carences vitaminiques (notamment vitamine C)

6. Y a-t-il des comorbidités associées ?

Certaines pathologies aggravent les plaies :

  • Obésité, diabète
  • Dialyse (risque de calciphylaxie)
  • Cancer sous traitement (vascularite, infection, métastases ulcérées)
  • Maladies auto-immunes et inflammatoires (vascularite, pyoderma gangrenosum)
  • Médicaments provoquant des ulcères : Hydrea, Nicorandil, Methotrexate, etc…
  • Médicaments influençant la cicatrisation (immunosuppresseurs, immunomodulateurs corticoïdes, AINS prolongés)

7. Y a-t-il un aspect atypique ?

Une plaie non conventionnelle doit faire suspecter :

  • atypie de la plaie : ulcère tumoral, angiodermite nécrotique, pyoderma gangrenosum
  • granulome inflammatoire après désunion chirurgicale : infection post-chirurgicale ou réaction à un corps étranger (fils)
  • Anomalies de la peau périlésionnelle : bulles, pustules, purpura, livédo, nécroses multiples, micro-abcès, nodule (tumeur). 

8. Y a-t-il des facteurs sociaux ?

L’environnement du patient impacte la prise en charge :
🏚️ Logement insalubre, précarité
😞 Isolement, dépression

9. Y a-t-il un contexte particulier de survenue ?

🦟 Retour de pays tropicaux : suspicion de parasites ou de germes atypiques
🩸 Peau noire : risque accru de drépanocytose

10. Y a-t-il une origine traumatique ?

  • Déchirure cutanée,
  • hématome disséquant
  • Morsures, piqûres d’insectes
  • traumatisme minime avec lésion extensive : angiodermite nécrotique, pyoderma gangrenosum

Conclusion

L’évaluation rigoureuse d’une plaie du membre inférieur repose sur un questionnement structuré et une analyse approfondie. Ces 10 questions essentielles permettent d’optimiser la prise en charge et d’accélérer la cicatrisation.

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Complications cutanées : les conséquences méconnues des drogues

La peau est l’un des organes les plus touchés par les intoxications, en particulier celles liées aux drogues. Certaines voies de consommation entraînent des complications cutanées aiguës et chroniques, souvent méconnues, mais aux conséquences parfois graves.

Dans cet article, nous abordons les impacts des drogues injectables et du cannabis sur la peau, ainsi que les complications associées.

 

1. Sites d’Injection et Évolution

Les sites d’injection évoluent au fil des années d’utilisation :

  • Dès le début : pli du coude
  • Après 2 ans : avant-bras, bras
  • Après 4 ans : dos de la main
  • Après 5 ans : cou, pieds, jambes
  • Après 10 ans : aine, orteils, doigts

⚠️ Cas extrêmes : injection dans des ulcères ou granulomes cutanés lorsque tout le réseau veineux est inutilisable voire dans la veine du dos de la verge.

2. Complications Aiguës : Les Infections

Les infections sont les complications les plus fréquentes des drogues injectables, souvent causées par :

  • Le partage d’aiguilles
  • L’utilisation de salive dans les rituels de préparation

Exemples de complications :

  • Abcès
  • Cellulite
  • Fasciite nécrosante

⚠️ Cas rares : faux anévrisme ou anévrisme mycotique, souvent infecté, apparaissant comme une masse inflammatoire sur un trajet artériel.

3. Ulcères et Nécrose

🔴 Ulcères nécrotiques douloureux : Ces ulcères peuvent apparaître après une injection, en quelques heures seulement. Ils sont causés par :

  • Vasoconstriction
  • Thrombose vasculaire
  • Nécrose tissulaire liée à la toxicité des drogues

Signes précurseurs :

  • Cyanose
  • Livedo
  • Phénomène de Raynaud

4. Complications Chroniques

⏳ Les injections répétées entraînent des dommages irréversibles :

  • Sclérose des veines
  • Incontinence valvulaire
  • Insuffisance veino-lymphatique précoce
  • Thromboses veineuses profondes

5. Marques Cutanées Visibles

Les conséquences des injections répétées incluent :

  • Hypopigmentation linéaire
  • Cicatrices linéaires
  • Tatouages accidentels dus aux dépôts de pigments dans le derme
  • Ulcères cutanés persistants
  • Skin popping : cicatrices ovalaires et atrophiques

6. Puffy Hand Syndrome et Autres Atteintes Graves

🚨 Puffy Hand Syndrome : Un œdème lymphatique chronique des mains et des doigts, persistant même après l’arrêt des drogues.

🔴 Autres atteintes graves :

  • Artérite distale : désert vasculaire, souvent lié au cannabis
  • Fibrose et atrophie cutanée

Conclusion : Informer pour Mieux Agir

Les complications cutanées liées aux drogues sont graves, souvent irréversibles, et nécessitent une prise en charge précoce.

En tant que professionnels de santé, il est crucial d’être informé pour identifier rapidement ces signes et orienter les patients vers les soins adaptés.

Tour d’horizon des ulcères de jambe méconnus

Tour d’horizon des ulcères de jambe méconnus

En dehors des principaux ulcères, comme les ulcères veineux et artériels, ainsi que des ulcères liés à des micro-angiopathies comme l’angiodermite nécrotique, il existe d’autres causes d’ulcères.

Découvrez les différents types d’ulcères en fonction de leur fréquence de survenue.

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L’ennemi invisible : Comprendre et Combattre la Calcinose Sous-Cutanée dans les ulcères de jambe

L’ennemi invisible : Comprendre et Combattre la Calcinose Sous-Cutanée dans les ulcères de jambe

Comment la diagnostiquer ? Quelles sont les causes ? Quels sont les évolutions possibles ? Comment la prendre en charge ? Un micro-learning en accès gratuit 

Le texte complet de la formation 

Diagnostic

Les ulcères de jambe peuvent présenter une calcinose sous-cutanée, caractérisée par une masse dure, similaire à de l‘os, au fond de la plaie ou sur les bords. Cette calcification peut être palpée sous la peau sous forme de plaque plus ou moins étendue. Le diagnostic est confirmé par la palpation avec une pince, révélant une texture dure et pierreuse.
Dans certains cas, la calcinose, profondément enfouie sous un tissu de granulation, ne peut être détectée que par un examen minutieux à l’aide d’une pince ou d’un stylet.

 

Causes

La calcinose est souvent secondaire à :

  • Insuffisance veineuse chronique (phlébolithes).
  • Exposition à la radiothérapie.
  • Hématome incomplètement évacué.
  • Brûlure, injection, ou fracture de jambe ancienne avec déminéralisation.
  • Infection des tissus mous (comme la dermo-hypodermite, adénite) ou ostéite.
  • Tumeurs bénignes ou kystes.
  • Cas rares liés à des troubles du métabolisme phosphocalcique ou des maladies systémiques.

Diagnostic Différentiel

Il est crucial de différencier la calcinose d’un contact osseux, d’où la nécessité de réaliser des radiographies. Ces dernières montrent des corps radio-opaques sans atteinte osseuse.

 

Évolution

Les calcifications, agissant comme des corps étrangers, entretiennent une inflammation chronique, souvent accompagnée de biofilm. Elles peuvent également conduire à une infection (calciite, dermo-hypodermite) et rendent la cicatrisation difficile, voire impossible dans certains cas.

 

Traitement

Le traitement implique la détersion et l’extraction de la calcinose à l’aide d’une pince, d’un bistouri, ou par concassage avec une pince gouge. Cette procédure peut nécessiter plusieurs séances, en particulier pour les calcinoses étendues ou profondes.

Une option chirurgicale est envisageable pour les cas de grande taille, mais elle comporte un risque de perte de substance importante.
En complément, la thérapie au laser infrarouge peut aider en réduisant l’inflammation périphérique et en stimulant l’activité des globules blancs, notamment des macrophages, facilitant ainsi l’extraction mécanique de la calcinose.

Eczema craquelé

Eczema craquelé

Comment le diagnostiquer ? Quelles sont les causes ? Comment le traiter ? Un micro-learning en accès gratuit 

Parfois la périphérie d’un ulcère de jambe est très sèche et peut se présenter sous forme d’un eczéma craquelé

L’eczema craquelé se définit comme une fissuration discontinue de la peau ressemblant à un dallage irrégulier de pierre plate.

Le patient peut parfois présenter un prurit des douleurs, en particulier une sensation de brûlure associée à la lésion. 

Cette pathologie n’est pas d’origine allergique (dermatite de contact aux pansements, crème, solution de lavage, bandages, etc…).
L’eczema craquelé est souvent en lien avec la sécheresse cutanée fréquente chez le sujet âgé (xérose), l’immobilité, la sédentarité. Cela peut aussi être en rapport avec le froid, raison pour laquelle il peut être appelé « winter eczema », survenant plutôt l’hiver.
Mais il peut aussi à l’inverse être en lien avec un lavage à l’eau trop chaude, un logement surchauffé.
L’usage de savon trop détergent ou d’antiseptiques sont aussi des causes importantes. Enfin, l’eczema peut être en rapport avec des carences (Zn, Vit C).

Le traitement repose sur l’utilisation de savon dermatologique (Syndet liquide ou en pain surgras) et l’application quotidienne de crèmes émollientes.
Parfois il faut d’abord utiliser les dermocorticoïdes en cure décroissante courte avec relais par la crème émolliente en cas de forme inflammatoire.

Les adhésifs doivent être évités, de même que les pansements à bordure siliconées ou les pansements occlusifs.
Il est conseillé de porter des vêtements et sous-vêtements en coton. Le logement doit être bien aéré et non surchauffé. Une humidification peut être nécessaire.

NB : en cas d’eczéma craquelé généralisé il faut s’orienter vers une hémopathie

eczema craquelé

Eczema craquelé de jambe gauche avec oedème veino-lymphatique

Angiodermite nécrotique : une plaie très douloureuse

Angiodermite nécrotique : une plaie très douloureuse

C’est un ulcère pas si rare, pouvant atteindre jusqu’à 10 à 15% des ulcères de jambe. Il est très douloureux, et survient plutôt chez la femme de plus de 65 ans avec une hypertension artérielle ancienne. Mais l’angiodermite peut aussi toucher les hommes. Elle atteint plus facilement les patients diabétiques. La greffe reste le traitement le plus efficace de cette maladie.

 

Le diagnostic est avant tout clinique

La lésion démarre généralement après un traumatisme à la jambe, même minime. Cela commence par une rougeur de la peau, puis un aspect violacé qui évolue vers la nécrose et une ulcération. La douleur est d’emblée importante et permanente, même la nuit, sans position de soulagement.

L’ulcération a tendance à s’étendre de manière centrifuge à partir d’une bordure rouge et violacée. Elle s’aggrave avec le frottement et une détersion agressive (phénomène de pathergie).

L’atteinte peut être bilatérale et symétrique : une même lésion peut se développer sur l’autre jambe.

Il n’y a jamais d’angiodermite nécrotique au dessus du genou ou au niveau du pied.

En cas d’insuffisance rénale chronique sévère il faudra plutôt s’orienter vers une calciphylaxie cutanée, entité proche de l’angiodermite.

Le patient peut parfois avoir une insuffisance veineuse associée ou une artérite des membres inférieures mais celle-ci ne doit pas être suffisamment sévère pour expliquer la présence de l’angiodermite nécrotique : le bilan doppler artériel des MI est indispensable.

L’angiodermite peut facilement se compliquer d’une surinfection. Il ne faut pas hésiter à effectuer un prélèvement bactériologique et mettre en route une antibiothérapie adaptée.

 

L’origine de cette maladie est mal connue

Photo angiodermite nécrotique

Notions de traitement

Le traitement consiste avant tout dans le repos et le traitement de la douleur.

L’hospitalisation est souvent nécessaire. La greffe précoce est le traitement principal de l’angiodermite : elle permet un soulagement très rapide de la douleur et un arrêt de la poussée.

Les pansements doivent être le plus doux possibles. Certaines familles de pansements sont à éviter. Il existe des techniques de soins pour ne pas frotter la plaie. La douche n’est pas contre indiquée, le débit devant bien sûr être adapté pour ne pas aggraver la plaie. La compression n’est pas recommandée.

L’application locale de cortisone forte en crème peut parfois être efficace pour arrêter la poussée, mais moins sur la douleur. La tension artérielle doit être bien contrôlée.

D’autres traitements sont encore à l’étude : la thérapie par pression négative, le PRP en gel, les matrices dermiques, l’usage d’anticoagulants. L’électrothérapie semble prometteuse avec un arrêt de la douleur et de la poussée.

Stratégie de traitement

Elle repose sur des soins de base communs à toutes les présentations cliniques puis une conduite selon l’ancienneté de la plaie. Plusieurs cas de figure sont possibles pour arriver à la cicatrisation complète et la fin du calvaire pour le patient. Des traitements spécialisés peuvent être nécessaires.  Pour en savoir plus cliquez ici

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