Quand la plaie raconte une autre histoire

Quand la plaie raconte une autre histoire

Dans ce dernier volet sur l’hyperbourgeonnement, je souhaite partager un cas particulièrement instructif concernant une patiente de 81 ans.

👵 Le Contexte :
La patiente, souffrant de dermatoporose, consulte pour un ulcère au mollet gauche, apparu après une déchirure cutanée et évoluant dans un contexte d’insuffisance veino-lymphatique.

🔍 Examen et Traitement :
Initialement, l’ulcère présentait un hyperbourgeonnement. Un traitement comprenant des dermocorticoïdes sous pansement hydrocellulaire siliconé, associé à des mesures de contention et d’hygiène (repos avec jambes surélevées), a été mis en place.

🔄 Suivi :
Quinze jours après le début du traitement, la patiente revient pour un suivi. L’œdème est bien maîtrisé et l’hyperbourgeonnement a disparu. Cependant, contrairement à ce qu’on espère habituellement, l’ulcère n’a pas réduit de taille. Bien que la surface de la plaie semble plane, la taille de l’ulcère reste inchangée. De plus, un liseré inflammatoire est toujours présent autour de la plaie, sans processus d’épidermisation, et la zone périphérique ainsi que le fond de l’ulcère restent inflammatoires.

🔬 Découverte :
Des biopsies réalisées au punch, révèlent un carcinome basocellulaire. La patiente est alors prise en charge par un chirurgien plasticien pour une exérèse complète de la lésion. La cicatrisation se poursuit sans greffe, aidée par un pansement spécialisé et une contention continue.

La patiente est prise en charge par un chirurgien plasticien qui réalise une exérèse complète de la lésion, sans recourir à une greffe. La plaie creusante est laissée en cicatrisation dirigée. Un pansement composé d’alginate de calcium est appliqué pour favoriser ce processus, recouvert d’un pansement hydrocellulaire à bordure siliconée, avec la poursuite de la contention multicouche.

📅 Résultat et Surveillance :
La cicatrisation de la plaie est complète après quelques semaines. Étant donné les antécédents significatifs d’exposition solaire de la patiente, une surveillance dermatologique annuelle de tout le corps est établie pour prévenir d’éventuelles complications futures

Conclusion : face à un hyperbourgeonnement qui ne répond pas aux traitements habituels ou qui présente une localisation atypique il faut systématiquement suspecter un cancer.

 

Résumé des Enseignements :
Un hyperbourgeonnement peut être un signe de granulome inflammatoire hyperplasique, souvent dû à une réaction à corps étranger ou une infection.
Il peut aussi masquer un cancer, nécessitant une vigilance accrue.

Pas Juste une Plaie : Comprendre le Granulome Inflammatoire Hyperplasique en pratique courante.

Pas Juste une Plaie : Comprendre le Granulome Inflammatoire Hyperplasique en pratique courante.

Le granulome inflammatoire hyperplasique peut parfois être confondu avec un hyperbourgeonnement. Voici un exemple concret qui illustre cette situation :

👵 Cas clinique :
Une patiente de 81 ans, résidant en EHPAD pour troubles cognitifs, vient consulter au motif d’une escarre pertrochantérienne droite.
La plaie, le long d’une cicatrice de chirurgie de hanche, ne semble pas guérir correctement : elle est occupée par une lésion hyperbourgeonnante, flasque, saignant facilement. Il y a des signes de fistulisation (un tunnel sous la peau qui ne devrait pas y être).

🔍 Investigation :
Un examen plus approfondi révèle que cette plaie persistante est en contact avec du matériel mis en place au contact du fémur.
Une lecture plus approfondi du dossier médical nous apprend que cette patiente a été opérée 6 mois en arrière d’une fracture du fémur suite à une chute avec pose de vis plaque.
La cicatrice n’avait jamais complètement guéri et une petite ouverture persistait, sans notion d’hyperappui sur cette zone.

🛠️Intervention :
La patiente a été référée à son chirurgien pour suspicion d’infection du matériel implanté. Ce n’était pas une simple plaie de pression (escarre) comme on aurait pu le penser. Le matériel chirurgical a été retiré et remplacé par une nouvelle prothèse sous couverture antibiotique après avoir fait des prélèvements pour analyse.

🧐 Enseignements :
Ce cas illustre comment un granulome inflammatoire hyperplasique peut être un signe soit d’une infection, soit d’une réaction à un corps étranger, et parfois les deux. C’est une condition complexe qui demande une évaluation attentive pour éviter des diagnostics erronés.

Quand un hyperbourgeonnement n’en est pas un

Quand un hyperbourgeonnement n’en est pas un

Dans le domaine médical, certaines conditions peuvent tromper même les plus expérimentés d’entre nous. Prenons l’exemple du granulome inflammatoire hyperplasique, parfois confondu avec un hyperbourgeonnement localisé.

🔍 Qu’est-ce qu’un granulome inflammatoire hyperplasique ?
Communément appelé granulome pyogénique, il s’agit d’une lésion tumorale bénigne qui émerge généralement en réponse à une irritation ou un traumatisme mineur. Cette lésion se développe rapidement, formant une petite masse rougeâtre, souvent vascularisée, qui est beaucoup plus molle et saigne plus facilement qu’un hyperbourgeonnement typique.

 

📝 Cas clinique :
Une patiente de 81 ans, opérée du rachis lombaire pour une sciatique invalidante, a développé une complication infectieuse post-opératoire au niveau de sa cicatrice. Après l’ablation des fils, une désunion cicatricielle s’est produite. Une lésion semblable de quelques mm est apparue, persistant le long de la cicatrice sans signes d’infection résiduelle.

 

Malgré un traitement initial par dermocorticoïdes puis par bâtonnet de nitrate d’Ag, la lésion a réapparu après l’arrêt du traitement. Une échographie a révélé un corps étranger, déclencheur d’une réaction inflammatoire. Après discussion avec le chirurgien, il s’agissait en fait d’un fil non résorbable qui avait été positionné pour une meilleure cicatrisation des plans profonds incisés. Une intervention chirurgicale pour retirer ce fil a finalement permis une cicatrisation complète.

 

🔬 Analyse et réflexion :
Ce cas illustre un granulome inflammatoire hyperplasique déclenché par une réaction à un corps étranger, une occurrence fréquente dans les cicatrices post-opératoires. Un cas plus fréquent est la présence de fils résorbables sous cutanés mal tolérés pouvant provoquer ce type de réaction, de même pour les sutures métalliques après sternotomie, nécessitant parfois une reprise chirurgicale.

 

💡 Conseil pour les professionnels de santé :
Toujours envisager un granulome inflammatoire hyperplasique dans les cas de lésions persistantes post-intervention, particulièrement si les traitements conservateurs échouent.

Expertise en Plaie : Quel Avenir pour la France ?

Expertise en Plaie : Quel Avenir pour la France ?

En dépit de l’ouverture récente de centres dédiés, l’élargissement des compétences infrmières, et la diversité des programmes de formation en France, le secteur de la plaie et de la cicatrisation peine à connaître un essor.

Côté infirmier,

on note une évolution positive : bien que les tarifs demeurent insuffisants, ils s’améliorent progressivement. La profession se dynamise grâce à l’élargissement des compétences permis par la délégation d’actes et de prescriptions initialement réservés aux médecins, illustré par l’intégration des IPA, les protocoles de coopération, et les initiatives au sein des CPTS et des MSP.

Cependant, malgré cet élargissement des rôles et des responsabilités, les infirmiers rencontrent des obstacles dans l’établissement de partenariats médicaux, particulièrement en milieu ambulatoire.
L’élaboration d’un projet médical reste intrinsèquement liée à la collaboration avec les médecins, rappelant l’importance fondamentale du diagnostic, du traitement et de la prévention dans la pratique médicale.

Du côté médical,

l’attrait pour la spécialisation en plaies et cicatrisation reste très limité. Une portion significative du corps médical, y compris certains dermatologues, tend à délaisser ce champ, le considérant parfois hors de leur domaine d’expertise. Cette réticence trouve en partie son origine dans l’insuffisance des tarifications, qui n’offrent pas une reconnaissance adéquate de la complexité et de la nécessité de ces soins spécialisés. En l’absence d’une rémunération appropriée, l’engagement des médecins dans cette spécialité s’avère découragé, reflétant une situation catastrophique.

La gestion des plaies par les médecins est une tâche qui demande beaucoup de temps, d’investissement en matériel spécialisé et d’assistance professionnelle. En France, la stagnation des tarifs médicaux et le poids des charges sociales entravent la capacité des médecins libéraux à embaucher le personnel nécessaire, tel qu’une infirmière, essentielle pour l’ouverture d’un service de consultation spécialisé en plaies. De plus, l’acquisition d’équipements avancés comme la phléthysmographie automatisée, les dopplers, la luminothérapie et le laser, ainsi que le maintien d’espaces dédiés à de petites interventions chirurgicales, représente un coût substantiel, d’autant plus que certains de ces matériels et consommables ne sont pas remboursables par le patient.

La tarification pour soins des plaies par la NGAP, axée sur les actes cliniques, est notoirement insuffisante et dépassée, ne reconnaissant pas l’investissement temporel requis pour le soin du patient, contrairement au système TARMED en vigueur en Suisse depuis 2004. La France accuse ainsi un retard de deux décennies dans ce domaine.

En ce qui concerne les actes techniques, la nomenclature de la CCAM ne reflète pas adéquatement la réalité clinique et ne propose pas de codes spécifiques pour les interventions sur les plaies chroniques, forçant les professionnels à improviser avec des rémunérations minimales. Cette situation rend particulièrement ardue la création et le fonctionnement de centres spécialisés dans le traitement des plaies dans le secteur privé.

L’avenir incertain des réseaux et des centres

Les centres spécialisés en soins de plaies et leurs réseaux associés luttent pour établir des modèles économiques durables et efficaces. Actuellement, bon nombre d’entre eux subsistent grâce à des financements publics ou à des budgets alloués de manière exceptionnelle. Cette dépendance pose la question de leur viabilité future en l’absence de ces aides financières. Il existe des discussions sur l’intégration de ces initiatives expérimentales dans le cadre législatif habituel et leur reconnaissance dans le système de tarification de la sécurité sociale. Cependant, face aux défis budgétaires croissants auxquels sont confrontés les secteurs hospitaliers publics et privés, et à l’incertitude concernant la pérennité de dispositifs tels que l’ASALEE, l’avenir de ces centres et réseaux de soins demeure incertain.

Il est important de reconnaître que la prise en charge efficace des plaies en France reste contrainte pour les infirmiers comme pour les médecins, tant que la tarification ne sera pas révisée pour offrir une rémunération juste et incitative aux médecins. Cette révision tarifaire est essentielle pour encourager un engagement croissant en plaies et cicatrisation.

Des solutions existent

Néanmoins, il est possible de réaliser des collaborations fructueuses dans ce domaine, malgré les défis actuels. Ces dynamiques de coopération réussies seront l’objet d’une analyse plus approfondie dans un futur post ou une formation, soulignant comment un projet bien structuré peut surmonter les obstacles financiers et institutionnels.

L’Oxygénothérapie Topique une Solution Innovante pour les Plaies Récalcitrantes

L’Oxygénothérapie Topique une Solution Innovante pour les Plaies Récalcitrantes

L’oxygénothérapie topique peut être une solution innovante pour améliorer la cicatrisation des plaies chroniques. En apportant de l’oxygène directement à la plaie, ces dispositifs favorisent une guérison efficace tout en réduisant la douleur : l’exemple du dispositif NATROX® O₂.

L’Importance de l’Oxygène dans la Cicatrisation

Un article paru dans Woundsinternational le 14 mars 2024, souligne l’importance de l’oxygène dans le processus de cicatrisation des plaies et présente l’oxygénothérapie topique continue (TOT) comme une possibilité intéressante de traitement, en utilisant le dispositif NATROX® O₂.

Défi des Plaies Chroniques

La majorité des plaies chroniques non cicatrisantes ont un niveau d’oxygène faible, ce qui peut retarder la guérison. L’oxygène est nécessaire pour plusieurs étapes de la cicatrisation en particulier la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, la production de collagène et la formation de nouvelles cellules de peau. Il aide aussi les cellules immunitaires à combattre les infections.

NATROX® O₂: Une Solution Innovante

L’oxygénothérapie topique, particulièrement avec le dispositif NATROX® O₂, apporte de l’oxygène directement sur la plaie. Ce dispositif est portable, facile à utiliser et silencieux, permettant aux patients de continuer leurs activités quotidiennes. Il a montré des résultats dans la réduction de la douleur et l’amélioration de la guérison des plaies, notamment en permettant à certains patients de réduire ou d’arrêter leur consommation d’opioïdes.

Applications Cliniques de NATROX® O₂

NATROX® O₂ est particulièrement utile pour les plaies difficiles à cicatriser, comme les ulcères du pied diabétique ou les plaies chirurgicales. Il fonctionne en produisant un flux d’oxygène à partir de l’air et le délivre directement à la plaie, améliorant ainsi l’environnement de la plaie et favorisant la guérison. Il est compatible avec tous les pansements utilisés habituellement.

Evidence et Pratique Clinique

Des études ont montré l’efficacité de l’oxygénothérapie topique, la classant comme une méthode de soin de plaie basée sur des preuves solides. L’article décrit également comment utiliser le dispositif, soulignant l’importance de la préparation correcte de la plaie et du suivi régulier.

Étude de Cas: Transformation de la Cicatrisation

Enfin, une étude de cas est présentée, démontrant comment NATROX® O₂ a aidé un patient ayant un mal perforant difficile à cicatriser après une transplantation cardiaque, en réduisant la douleur et en favorisant une cicatrisation efficace.

Voir l’article complet en anglais  ici 👉 https://woundsinternational.com/made-easy/continuous-topical-oxygen-therapy/

Greffe médicament une option à ne pas négliger dans le traitement des plaies chroniques

Greffe médicament une option à ne pas négliger dans le traitement des plaies chroniques

💊 💊 💊 La greffe médicament, située entre le pansement et la greffe de recouvrement, offre une solution utile pour les plaies chroniques. En ciblant la douleur et la cicatrisation, cette technique simple, rouvre des perspectives thérapeutiques pour les patients en quête de soulagement ou pour relancer la cicatrisation.

💊 💊 💊

Introduction

La greffe médicament représente une option thérapeutique positionnée entre un simple pansement et une greffe de recouvrement complète. Son but principal est de combattre la douleur et de stimuler la cicatrisation. Les greffons utilisés sont naturellement riches en facteurs de croissance et peptides, agissant efficacement comme un traitement médicamenteux.

Indications et Public Cible

Cette greffe est particulièrement indiquée pour les patients qui ont déjà bénéficié de traitement de seconde ligne après échec des traitements conventionnels comme le PRP (Plasma Riche en Plaquettes) ou les matrices dermiques, ou lorsque ces options sont inadaptées. Elle est recommandée en cas d’échec des antalgiques standards ou lorsque des contre-indications à certaines interventions, comme l’anesthésie générale, existent. Des pathologies spécifiques, telles que l’angiodermite, le Pyoderma Gangrenosum, ou les ulcères chroniques douloureux, sont des indications intéressantes pour cette greffe.

Procédure de la Greffe Médicament

Contrairement aux greffes traditionnelles, il n’est pas impératif que la zone à traiter présente une croissance tissulaire active. La greffe peut se réaliser sur un lit fibrineux après une détersion appropriée, en l’absence de signes infectieux. Habituellement effectuée sous anesthésie locale, cette technique implique l’utilisation de greffons sous forme de pastilles, prélevés généralement avec un punch à biopsie. Cette intervention peut également précéder une greffe de recouvrement plus conventionnelle.

Praticabilité de l’Intervention

Une particularité notable de cette greffe est sa praticabilité directement au chevet du patient, que ce soit en milieu hospitalier ou en consultation externe, simplifiant ainsi le parcours de soin.

Objectifs et Bénéfices

L’apport de facteurs de croissance et de peptides par la greffe vise à procurer un soulagement rapide de la douleur, généralement dans les 24 à 48 heures suivant l’intervention, facilitant ainsi une meilleure qualité de vie pour les patients concernés.

Conclusion

La greffe médicament se présente comme une option thérapeutique utile pour les patients confrontés à des douleurs chroniques et des plaies résistantes, offrant une alternative lorsque les traitements standards ne sont pas envisageables ou se révèlent inefficaces.