
Kératoacanthome : lésion cutanée de croissance rapide et prise en charge
Qu’est-ce qu’un kérato-acanthome ?
une lésion de croissance rapide
il s’agit d’une tumeur épithéliale qui se développerait à partir du follicule pilo sébacé
Au début il peut être confondu avec une hyperkératose une verrue ou des molluscums contagiosum, des nodules de prurigo.
il peut survenir à la suite d’une plaie ou d’un traumatisme
il est de survenue brutale avec une croissance très rapide.
Présentation clinique
en général cela commence par une papule érythémateuse qui passe inaperçue puis en quelques jours se forme une tumeur nodulaire violacée symétrique bien limité comme posé sur la peau
Il forme un bourrelet périphérique revêtu d’un épithélium lisse et avec un cratère central rempli de matériel corné
il régresse spontanément en deux à 12 semaines par un affaissement du bourrelet et l’élimination du cratère central. il laisse une cicatrice souvent atrophique et inesthétique
il peut ensuite évoluer vers une ulcération extensive.
Variantes cliniques
la forme la plus fréquente et la forme dite unique ou solitaire qui prédomine au niveau de la partie distale des membres et le visage avec un diamètre inférieur à 3 cm. la régression de cette lésion se fait habituellement entre deux à trois mois
la forme extensive et ulcéreuse est plus rare et très active elle est plutôt décrite au niveau des lèvres des nez et des paupières
il peut y avoir aussi des formes géantes suite à la confluence de plusieurs kérato-acanthome et qui siège sur les avant-bras
il existe enfin des kérato-acanthomes multiples d’origine génétique et familiale ou suite à un déficit de l’immunité cellulaire.


Diagnostic différentiel et confirmation
le kérato-acanthome est considéré aujourd’hui comme une forme de particulière de carcinome épidermoïde avec un risque métastatique très faible par rapport à au carcinome épidermoïde invasif (< 1 %).
l’aspect clinique est très évocateur mais nécessite des biopsies pour confirmer le diagnostic.
Les diagnostics différentiels sont : carcinome épidermoïde invasif (SCC), carcinome basocellulaire nodulaire/ulcéré, pyogranulome, mélanome amélanotique, molluscum géant chez l’immunodéprimé, pseudo-lymphome cutané.
Facteurs de risque
l’étiologie est mal connue elle semble liées à plusieurs facteurs souvent intriqués :
facteurs génétiques, facteurs infectieux, en particulier certains virus comme le PVH, l’immunodépression (hémopathie maligne ou traitement immunosuppresseurs), facteur environnementaux comme l’exposition solaire ainsi que les causes traumatiques , le contact avec les carcinogènes chimiques comme le goudron
Comment se soigne un kérato-acanthome ?
En théorie l’évolution spontanée du kérato-acanthome devrait conduire à une abstention thérapeutique et une surveillance mais en pratique le caractère rapidement évolutif est souvent inquiétant pour le patient ainsi que la crainte de transforme d’évolution en carcinome épidermoïde invasif
le traitement repose avant tout sur une exérèse chirurgicale précoce notamment la chirurgie de Mohs
Si le patient est opposé à la chirurgie ou si la chirurgie est potentiellement mutilante ou dans le cas de kérato-acanthome de grande taille on peut discuter des injections intra-lésionnelles de chimiothérapie locale.
dans les cas de lésion multiple l’exérèse chirurgicale peut être couplée à un traitement par rétinoïde par voie orale
Traitement d’exception : chimiothérapie par voie générale ou locale, thérapie ciblée et radiothérapie
Dans tous les cas : pas de traitement sans examen anatomopathologique.
Le risque de récidive est faible (< 2 %)
Prévention et suivi
La prévention repose sur la protection solaire écran total, une surveillance cutanée annuelle chez le transplantés/ID.
Informer sur la rapidité de croissance → consultation précoce.
En résumé en cas de suspicion adresser pour auprès du spécialiste pour biopsies.
En attendant poursuite des soins locaux avec les pansements habituels en fonction du degré d’humidité s’il y a un écoulement ou une ulcération.
En cas de « lésion sèche » pas de pansement particulier.
les méthodes de détersion curetage électrocutoagulation vaporisation laser, cryochirurgie etc sont à éviter car la destruction est souvent incomplète et favorise les récidives et elle ne permet pas une étude anatomopathologique.
Cas clinique
Un cas clinique
patiente de 84 ans immunodéprimée suite à des traitements immunosuppresseurs pour rhumatisme psoriasique.
Elle a présenté une plaie de jambe gauche suite à un choc qui est rapidement devenu nodulaire.
Sachant qu’elle était sous anticoagulant oraux, le médecin traitant a pensé qu’il s’agissait d’un hématome en constitution.
mais avec le temps la lésion a continué à grossir avec une légère dépression croûteuse en son centre.
Des biopsies sont décidées. Une anesthésie locale à la XYLOCAINE adrénalinée est préparée. Au moment de l’infiltration sous-cutanée de la lésion au produit anesthésiant, la lésion s’est brutalement ouverte en chou-fleur, témoignant du caractère friable du bouchon kératinique. La lésion semble avoir été retirée en totalité.
l’examen anatomo-pathologique a confirmé le kérato-acanthome et la plaie est en bonne voie de cicatrisation. Mais il n’est pas certain que la totalité ait été enlevée. Une chirurgie a été proposée mais la patiente est pour l’instant réticente. Le dermatologue a donc décidé de la revoir pour une surveillance régulière.



Questions fréquentes sur le kérato-acanthome
Comment différencier le kérato-acanthome du carcinome épidermoïde ?
l’aspect clinique est très évocateur mais nécessite des biopsies pour confirmer le diagnostic.
Les diagnostics différentiels sont : carcinome épidermoïde invasif (SCC), carcinome basocellulaire…
Quel est le facteur de risque du kérato-acanthome ?
l’étiologie est mal connue ; facteurs génétiques, PVH, immunodépression, exposition solaire, traumatismes, goudron…
Comment se soigne un kérato-acanthome ? / Quel est le meilleur traitement ?
le traitement repose avant tout sur une exérèse chirurgicale précoce notamment la chirurgie de Mohs.
Injections intra-lésionnelles ou rétinoïdes oraux peuvent être discutés selon les cas.
Le kérato-acanthome est-il douloureux ?
La lésion est habituellement indolore, mais une ulcération extensive peut devenir sensible.
Le kérato-acanthome peut-il guérir tout seul ?
il régresse spontanément en deux à 12 semaines mais peut laisser une cicatrice et la crainte d’un SCC justifie souvent l’exérèse.