Escarre qui stagne après 3 semaines : les 3 axes à explorer

Pourquoi une escarre stagne-t-elle malgré un traitement bien conduit ?

Quand une escarre ne progresse plus après 3 semaines de soins adaptés, il est important de revoir les fondamentaux.

Voici 3 axes essentiels à analyser pour relancer la cicatrisation.

1. Vérifier la qualité de la décharge

Un défaut de décharge est l’une des premières causes de stagnation.

Questions à se poser :

  • Le matériel utilisé est-il adapté et en bon état ?

  • La décharge est-elle permanente (jour, nuit, transferts) ?

  • Les changements de position sont-ils réguliers ?

  • Le patient est-il coopérant ?

  • Une douleur ou pathologie limite-t-elle le repositionnement ?

2. Réévaluer la plaie

La plaie elle-même peut présenter des freins à la cicatrisation.

À vérifier :

  • Présence de tissu fibrineux ou nécrotique qui se reforme rapidement

  • Exsudats abondants inexpliqués

  • Signes d’infection (ostéo-articulaire, biofilm, tissus mous)

  • Détersion effectuée correctement ?

  • Pansement bien toléré et adapté au type de plaie ? (macération, plaie asséchée, lésion provoquée)

  • En cas d’escarre talonnière : suspicion d’AOMI ?

  • Peau périlésionnelle : macération, irritation, allergie, hyperbourgeonnement ?

3. Revoir l’état général du patient

Une stagnation peut aussi refléter une dégradation globale de l’état du patient.

Pistes à explorer :

  • Nouvelle pathologie ? Comorbidités décompensées ?

  • Apports nutritionnels suffisants ? Régime hyperprotéiné respecté ? hydradation suffisante ?

  • Médicaments ralentissant la cicatrisation (corticoïdes, chimiothérapie, etc.) ?

  • Mobilité réduite récemment ?

  • Incontinence bien prise en charge ?

Approche globale et pluridisciplinaire

Ne l’oublions pas : les freins à la cicatrisation sont souvent plurifactoriels.

Il est indispensable de mobiliser l’ensemble des professionnels de santé :

  • Infirmiers et médecins experts plaies

  • Diététicien(ne)

  • Kinésithérapeute

  • Ergothérapeute

  • Chirurgiens (plasticiens, orthopédistes)

En résumé

Face à une escarre stagnante, reprendre tout depuis le début, en structurant votre démarche.

C’est là que réside la véritable expertise en traitement des plaies.

Dermite de contact : protocole complet de traitement et prévention des récidives

Comprendre la dermite de contact : irritative ou allergique

Les dermites de contact, qu’elles soient irritatives ou allergiques, peuvent compromettre la cicatrisation des plaies. Leur prise en charge repose sur un protocole clair, applicable aux deux formes.

Traitement local : les étapes essentielles

Éviction complète de l’agent causal

L’identification et l’élimination de l’agent irritant ou allergène est la priorité absolue.
Notez systématiquement cet agent dans le dossier clinique et informez le patient, l’équipe soignante et les correspondants.

Nettoyage doux, sans produit agressif

Évitez antiseptiques, antibiotiques locaux, savons parfumés. Utilisez uniquement un syndet à pH neutre, non irritant.

Lésions exsudatives : assèchement local

Utilisez des pansements absorbants, non occlusifs, non adhésifs et hypoallergéniques : interfaces, fibres superabsorbantes, alginates.

Application précoce de dermocorticoïdes

En l’absence d’infection locale, appliquez un dermocorticoïde de classe 2 dès le départ. Suivez une cure décroissante rapide :

  • 2x/jour → 1x/jour → un jour sur deux → 2x/semaine avec un émollient

Puis relais par un émollient quotidien à l’arrêt des corticoïdes.

Traitements complémentaires

Ajoutez un antihistaminique oral si besoin (prurit, urticaire).
Réservez une corticothérapie orale aux formes généralisées, rares et sévères.

Prévention des récidives : stratégie rigoureuse

Traçabilité de l’agent causal

Inscrivez clairement l’agent déclencheur dans le dossier.
Informez tous les intervenants. Ajoutez une alerte dans le suivi si nécessaire.

Supprimez les produits irritants

Évitez :

  • Antiseptiques (chlorhexidine, bétadine, etc…)

  • Antibiotiques locaux

  • Lingettes imprégnées agressives

  • Savons parfumés ou détergents

Choisissez les bons pansements

Évitez :

  • Pansements occlusifs (hydrocolloïdes, polyuréthanes, siliconés)

  • Adhésifs agressifs

Préférez :

  • Pansements non adhésifs

  • Interfaces

  • Fibres superabsorbantes

  • Alginates

Surveillance à long terme

Même après cicatrisation, le risque de rechute persiste si l’agent causal est réintroduit.
Maintenez les précautions dans le temps. Formez le patient et les aidants.

Conclusion : traitement + prévention = cicatrisation durable

Une dermite bien soignée, c’est :

  • Une éviction rigoureuse

  • Un traitement local maîtrisé

  • Une vigilance durable

Dermite irritative ou allergique : comment et quand tester ?

Pourquoi différencier dermite irritative et allergique ?

Symptômes similaires, causes opposées : l’irritation est une agression directe ; l’allergie, une réaction immunitaire.
Une erreur de diagnostic prolonge la souffrance et ralentit la guérison.

Les tests cutanés pour orienter le diagnostic

Test d’usage

  • Appliqué au pli du coude

  • Produit pur ou dilué, sous film occlusif

  • Surveillance jusqu’à 7 jours

  • Résultat positif = produit incriminé

Limites

  • Ne teste qu’un produit à la fois

  • Ne précise pas l’ingrédient en cause

  • Faux négatifs possibles

Mode d’emploi détaillé du test d’usage

  1. Nettoyer et sécher le pli du coude
  2. Appliquer une noisette du produit suspect
  3. Couvrir avec un pansement transparent (type Tegaderm®)
  4. Inscrire la date et l’heure
  5. Laisser poser 4 jours
  6. Surveiller l’apparition de rougeur ou eczéma jusqu’à J7

Les patch-tests : pour un diagnostic précis

En quoi consistent-ils ?

  • Réalisés par un allergologue ou dermatologue

  • Application d’environ 30 allergènes standards + substances personnalisées

  • Lecture à 48h, 72h, parfois J7

Personnalisation selon le patient

On peut ajouter :

  • Produits personnels : crèmes, pansements, cosmétiques

  • Substances professionnelles : gants, désinfectants, résines

  • Allergènes liés aux loisirs : peinture, bijoux, colles…

Quand orienter vers les patch-tests ?

  • Si le test d’usage est négatif mais les signes persistent

  • Si plusieurs produits sont suspects

  • En contexte professionnel à risque

  • Avant une réexposition thérapeutique

Précautions pratiques à ne pas oublier

  • Toujours dater la pose du test

  • Ne pas négliger les réactions retardées (jusqu’à J7)

  • Assurer un suivi rigoureux des signes cliniques

Conclusion : en cas de doute, testez

Le test d’usage est un outil simple, rapide et accessible.
Les patch-tests permettent un diagnostic plus fin et ciblé.
➡️ Ne restez pas dans le flou : testez, observez, collaborez avec les spécialistes.

Irritation ou allergie cutanée : comment faire la différence en cicatrisation ?

Irritation ou allergie cutanée : comment faire la différence en cicatrisation ?

Dans la prise en charge des plaies, différencier une irritation cutanée d’une allergie de contact est essentiel.
Une confusion peut entraîner un retard de cicatrisation ou une aggravation de la lésion.

Dans cet article, nous vous proposons un tableau synthétique pour distinguer ces deux diagnostics fréquents en pratique clinique.

Pourquoi c’est important en traitement des plaies

Les dermatites irritatives comme les dermatites de contact allergiques sont des causes courantes d’échec de cicatrisation.

Elles peuvent être induites par :

  • les pansements et les adhésifs,

  • les antiseptiques,

  • les crèmes ou les émollients,

  • les dispositifs de compression (bandes, chaussettes, etc.).

Mal identifiées, elles peuvent conduire à des traitements inadaptés, retarder la cicatrisation ou masquer une surinfection.

Les signes cliniques à connaître

Voici un tableau comparatif pour différencier irritation et allergie cutanée, basé sur les critères cliniques et l’anamnèse.

Dermatite irritative

  • Apparition rapide (souvent dès les premières applications)

  • Zone d’irritation limitée au contact

  • Symptômes prédominants : brûlures, sécheresse, fissures

  • Réaction dose-dépendante

  • Pas de récidive à distance

Dermatite allergique de contact

  • Apparition différée (24-48h après contact)

  • Extension possible en dehors de la zone d’application

  • Symptômes : érythème, œdème, prurit, vésicules

  • Réaction à faible dose

  • Réapparition rapide en cas de recontact

Ce tableau ne remplace pas les tests allergologiques, mais oriente la réflexion clinique.

Les signes cliniques pour faire la différence entre une allergie et une irritation cutanée
Complications des plaies chroniques chez les patients immunodéprimés : ce qu’il faut savoir

Complications des plaies chroniques chez les patients immunodéprimés : ce qu’il faut savoir

La cicatrisation d’une plaie chronique peut être gravement perturbée chez un patient immunodéprimé. Ces situations, bien que fréquentes, restent encore trop souvent sous-diagnostiquées ou mal prises en charge.

Dans cet article, nous passons en revue les principales complications liées à l’immunodépression, et les signaux d’alerte à ne pas négliger dans le traitement des plaies.

🔎 Qu’est-ce qu’un patient immunodéprimé ?

L’immunodépression correspond à une diminution des défenses immunitaires. Ici, on parle uniquement d’immunodépressions acquises (non génétiques).

Les causes les plus fréquentes :

  • Maladies inflammatoires chroniques : polyarthrite rhumatoïde, MICI…

  • Pathologies auto-immunes

  • Cancers, diabète, insuffisances sévères (cardiaque, rénale, respiratoire)

  • Infections chroniques comme le VIH

  • Traitements immunosuppresseurs (corticoïdes, biothérapies, chimiothérapies, etc.)

⚠️ Pourquoi les plaies cicatrisent mal chez ces patients ?

Une immunodépression perturbe les différentes phases de la cicatrisation. Résultat : la plaie stagne, se surinfecte ou évolue de manière atypique.

Principales complications à surveiller :

1. Retard de cicatrisation

C’est souvent le premier signal. Une plaie qui ne suit pas son évolution naturelle malgré un protocole bien conduit doit alerter.

2. Infections atypiques

Chez ces patients, on peut observer :

  • Des bactéries inhabituelles ou multirésistantes

  • Des mycobactéries atypiques

  • Des infections fongiques rares

  • Des réactivations virales : zona, herpès…

3. Origine cancéreuse

Une plaie qui ne cicatrise pas peut aussi révéler un cancer cutané.
⚠️ Exemple : le carcinome épidermoïde, à fort potentiel métastatique.

🧠 Expertise plaies et cicatrisation : penser au terrain

Le terrain immunitaire d’un patient doit systématiquement être réévalué en cas d’évolution inhabituelle d’une plaie.

🔹 La prise en charge des plaies ne peut être dissociée d’une approche globale du patient.
🔹 Identifier une immunodépression permet d’adapter le traitement, d’anticiper les complications et, parfois, de sauver la vie du patient.