Ulcère : ne pas passer à côté de l’insuffisance veineuse fonctionnelle

Ulcère : ne pas passer à côté de l’insuffisance veineuse fonctionnelle

L’ulcère veineux fonctionnel peut se cacher derrière une imagerie normale, mais ses conséquences sont bien réelles. Découvrez comment éviter ce piège fréquent en posant les bonnes questions et en réalisant un diagnostic clinique minutieux

se définit comme une absence de lésions veineuses profondes ou superficielles.
Les examens d’imagerie comme l’échographie doppler veineux des MI ne retrouvent pas d’anomalies.

Tout comme l’insuffisance veineuse classique, l’insuffisance veineuse fonctionnelle entraîne une hyperpression veineuse dans les membres inférieurs avec des conséquences similaires (douleurs, ulcères et œdèmes).

Peut aussi aggraver une insuffisance veineuse ou veino-lymphatique lésionnelle préexistante.

Quelles en sont les causes ?

Les principales causes d’hyperpression veineuse incluent :

  • l’obésité
  • la chirurgie de hanche de genou et de cheville
  • les troubles de la marche
  • la sédentarité
  • l’ankylose de cheville, la déformation de cheville permanente
  • l’orthostatisme prolongé

L’obésité provoque une hyperpression veineuse dans les membres inférieurs.
De même, une personne debout, assise trop longtemps ou piétinant toute la journée développera aussi une hyperpression veineuse.

La chirurgie de la hanche, du genou ou de la cheville peut causer des perturbations importantes du retour veineux.
De même que l’ankylose ou les déformations permanentes de la cheville (ex. : pied en varus équin irréductible).

Les troubles de la marche, comme un déficit de pression au niveau du mollet ou un mauvais appui plantaire, entraînent une mauvaise chasse veineuse.
De même, un patient sédentaire marchant moins de 30 minutes par jour peut développer une insuffisance veineuse ou veino-lymphatique fonctionnelle avec des œdèmes.

Bilan

Pour identifier une insuffisance veineuse fonctionnelle, il est essentiel de poser les bonnes questions lors de l’interrogatoire et de réaliser un examen clinique minutieux.

Parfois, l’insuffisance veineuse fonctionnelle est difficile à détecter, car l’œdème peut être absent lors de la consultation.
Dans ce cas, demander au patient s’il ressent des jambes lourdes, des douleurs en fin de journée, ou s’il observe un gonflement des chevilles ou des œdèmes en fin de journée, des signes qui orientent vers une insuffisance circulatoire.

Les ulcères veineux fonctionnels, comment les reconnaître ? 🩺

Les ulcères liés à l’insuffisance veineuse fonctionnelle ressemblent beaucoup aux ulcères veineux classiques. Leur apparence et leur localisation sont similaires. Ils peuvent être accompagnés de signes cutanés classiques compliquant l’insuffisance veineuse comme l’atrophie blanche ou la dermite ocre.

Le piège ? Pas de lésions visibles à l’échographie.

Comment traiter ces ulcères ? 🛠️

Le traitement est identique à celui des ulcères veineux classiques :
Contention et compression adaptées
Mesures d’hygiène (Repos avec jambes surélevées, Arrêt du piétinement ou des stations debout prolongées 🚶‍, etc…)
Lavage, détersion et pansements appropriés

Le piège à éviter ⚠️

Imaginez : une personne âgée, vivant seule, avec un petit ulcère douloureux au niveau de la cheville, mais sans œdème visible. On lui prescrit simplement un pansement, mais pas de contention. Pourtant, en posant les bonnes questions, on aurait su qu’elle reste assise toute la journée dans son fauteuil, avec des chevilles qui gonflent en fin de journée… Une contention aurait résolu le problème.

Conclusion

Posons les bonnes questions pour identifier l’insuffisance veineuse fonctionnelle.

Un ulcère lié à l’insuffisance veineuse fonctionnelle nécessite toujours une contention adaptée.

Si un ulcère des membres inférieurs à fond fibrineux n’a pas d’explication inflammatoire (comme une infection, artériopathie, hyperappui, prise de médicaments, allergie, etc.) et qu’aucune lésion veineuse n’est visible à l’imagerie, il faut suspecter une hyperpression veineuse fonctionnelle.

Pansements humidifiés : la confusion persiste

Pansements humidifiés : la confusion persiste

Il y a quelques mois, j’avais publié un post sur l’humidification systématique des alginates de calcium. La plupart des experts avaient indiqué que cette pratique n’était nécessaire que dans certaines circonstances.

Pourtant, ce discours continue d’être relayé par certains représentants commerciaux. Cela génère de la confusion, notamment avec les hydrofibres, dont l’apparence et la texture sont parfois similaires aux alginates.

Résultat ? Certains pensent à tort qu’il faut humidifier entièrement les hydrofibres avant application, comme pour les alginates de calcium. Cela peut entraîner des risques importants de macération.

📋 Un exemple récent : J’ai vu la semaine dernière un patient de 59 ans souffrant de mycoses interdigitales importantes après avoir porté des bottes pendant une longue période. Des hydrofibres humidifiés avaient été appliqués, provoquant une dermite étendue sur l’avant-pied avec une colonisation bactérienne importante.

À première vue, on aurait pu croire à une neuropathie diabétique périphérique tant la plaie était grave. Heureusement, ce n’était pas le cas, car cela aurait pu mener à une amputation transméta-tarsienne.

Cet exemple illustre les conséquences graves qu’un discours commercial répété peut avoir en semant la confusion dans l’esprit des professionnels de santé.

⚠️Il est crucial de rester vigilant face aux informations relayées et de s’assurer que nos pratiques sont adaptées à chaque type de pansement.

Les indicateurs clés d’une infection de plaie

Les indicateurs clés d’une infection de plaie

Diagnostic avant tout clinique

Le diagnostic d’une infection de plaie repose principalement sur des critères cliniques. Cependant, la documentation bactériologique est nécessaire pour confirmer l’infection.
Uun bilan biologique peut également être requis pour affiner le diagnostic comme par exemple le pied diabétique ou en cas de doute.

Critères cliniques

Il est essentiel de savoir repérer les signes cliniques qui suggèrent une infection de plaie. Voici les principaux critères classiques à surveiller :

  • Cellulite (rougeur, chaleur, œdème)
  • Abcès
  • Écoulement (pus, séro-purulent, pus avec du sang)

Critères additionnels

Outre les critères classiques, certains signes supplémentaires doivent attirer l’attention, notamment :

  • Retard ou arrêt de la cicatrisation
  • Dégradation brutale de la plaie
  • Augmentation des exsudats
  • Augmentation de la douleur
  • Odeur anormale
  • Coloration anormale du lit de la plaie ou changement de couleur
  • Tissu de granulation friable, saignant facilement

Ces signes peuvent indiquer une infection qui nécessite une prise en charge rapide et adaptée.

Cas particuliers : le pied diabétique

Pour les patients atteints de diabète, certains signes spécifiques peuvent orienter vers une infection de plaie :

  • Douleur, alors que le pied diabétique est normalement insensible
  • La Nécrose est à la fois un signe d’infection et d’ischémie
  • Contact osseux, qui doit être considéré comme une ostéite jusqu’à preuve du contraire

Infections sur matériel

Lorsqu’une plaie est en contact avec du matériel, il est important de surveiller certains signes qui peuvent indiquer une infection :

  • Présence d’un granulome inflammatoire hyperplasique, aussi appelé botryomycome ou granulome pyogénique
  • Écoulement chronique sur fistule
  • Contact avec du matériel sur une plaie chronique, considéré comme une infection sur matériel jusqu’à preuve du contraire

Ulcère artériel

L’infection d’un ulcère artériel peut aussi être signalée par :

  • Une nécrose sèche qui devient humide
  • Une nécrose extensive

Conclusion

L’identification rapide des signes cliniques d’une infection de plaie permet d’adapter le traitement et d’améliorer les chances de guérison. N’hésitez pas à contacter un professionnel de santé en cas de doute ou de symptômes alarmants.

Pour plus de conseils et d’informations sur la cicatrisation des plaies,  contactez moi directement via la messagerie.

Plaie chronique : quand demander un avis médical ?

La gestion des plaies peut parfois être délicate, notamment lorsqu’elles ne guérissent pas dans un délai habituel. Il est crucial de savoir à quel moment consulter un professionnel de santé pour obtenir un avis médical. Voici les principaux points à considérer :

La localisation

Certaines localisations des plaies nécessitent une attention particulière. Même si une plaie semble superficielle, elle peut nécessiter un avis médical, notamment :

  • Toute plaie située sur la main, en raison de la complexité de cette zone.
  • Les plaies profondes qui atteignent des structures comme l’os, les tendons, les muscles, les vaisseaux sanguins ou les nerfs.
  • Les plaies persistantes sur des zones inhabituelles comme la tête, le cou, le visage, les membres supérieurs ou le tronc.
  • Toute plaie avec exposition de matériel (ex. matériel chirurgical ou prothèse).
  • Les brûlures sur des zones fonctionnelles ou esthétiques, qui peuvent compromettre la fonction ou l’apparence.

Le contexte

Le contexte dans lequel la plaie est apparue joue également un rôle majeur dans la nécessité de consulter un médecin :

  • Les plaies multiples qui ne cicatrisent pas chez un patient jeune.
  • Les plaies extensives survenant après un traumatisme.
  • Les plaies apparues après un retour de voyage, notamment en provenance de pays exotiques.
  • Toute brûlure, même petite ou superficielle, qui ne cicatrise pas après trois semaines.
  • Les plaies du pied chez une personne diabétique, qui sont particulièrement à risque.
    Toute plaie douloureuse nécessite également une évaluation.
  • Toute plaie associée à de la fièvre, un signe d’infection sous-jacente.
  • Les plaies survenant suite à une morsure animale.

La notion de temps

La durée pendant laquelle une plaie persiste est un indicateur clé :

  • Une plaie présente depuis plus de six semaines sans soins infirmiers doit susciter l’inquiétude.
  • L’absence d’amélioration d’une plaie après un mois de soins infirmiers bien conduits doit également inciter à consulter.
  • Une dégradation brutale de la plaie ou une progression rapide nécessite une prise en charge immédiate.

L’aspect de la plaie

L’aspect visuel de la plaie est souvent révélateur de sa gravité :

  • Une plaie recouverte d’une plaque noire ou nécrosée, en particulier sur un membre inférieur, nécessite une attention particulière.
  • Les plaies multiples recouvertes d’une plaque noire ou présentant une nécrose (fond noir) doivent également être surveillées de près.
  • Les plaies qui bourgeonnent excessivement, prenant un aspect de « chou-fleur », peuvent indiquer une anomalie dans le processus de cicatrisation.
  • Toute plaie d’aspect atypique ou « bizarre » dans sa forme ou ses bordures nécessite une évaluation par un professionnel de santé.

Si vous avez des questions ou des doutes concernant une plaie qui tarde à guérir, n’hésitez pas à me contacter via la messagerie e-medicica.

Crème à l’Aloe Vera en cicatrisation

Crème à l’Aloe Vera en cicatrisation

L’aloe vera, aux multiples vertus médicinales, pourrait être un allié dans la prise en charge des plaies. Hydratant, anti-inflammatoire et antimicrobien, il stimule la cicatrisation. Des études cliniques confirment son efficacité, notamment sur les plaies chirurgicales et les brûlures.

L’aloe vera est une plante très à la mode, reconnue pour de multiples propriétés médicinales. Son utilisation en crème peut être intéressante dans la prise en charge des plaies.

🟢 Propriétés de l’Aloe Vera :

Hydratation Intense : L’aloe vera est connu pour être fortement hydratant, ce qui est important pour maintenir un environnement optimal pour la cicatrisation des plaies.

Anti-inflammatoire : Ses propriétés anti-inflammatoires aident à réduire l’inflammation et la douleur associées aux plaies.

Antimicrobien : Il possède des effets antimicrobiens qui peuvent prévenir les infections.

Stimulation de la Production de Collagène : L’aloe vera favorise la synthèse du collagène, essentiel pour une cicatrisation rapide et efficace.

🔍 Études Cliniques :

Des recherches cliniques ont confirmé l’efficacité de l’aloe vera dans la cicatrisation des plaies :

Étude de 2018 : Une étude publiée dans le Journal of Clinical Nursing a démontré que l’application d’une crème à l’aloe vera sur des plaies chirurgicales a réduit significativement le temps de cicatrisation par rapport au groupe témoin utilisant une crème placebo.

Recherche en 2020 : Une autre étude publiée dans l’International Wound Journal a révélé que les patients utilisant une crème à base d’aloe vera pour traiter les brûlures de second degré ont montré une amélioration notable dans la réduction de la douleur et du temps de guérison par rapport à ceux utilisant des traitements standards comme la sulfadiazine argentique.

Il n’y a pour l’instant pas d’études sur les plaies chroniques. L’aloe vera pourrait être une piste intéressante.

Quelle est l’influence des troubles thyroïdiens sur la cicatrisation ?

Quelle est l’influence des troubles thyroïdiens sur la cicatrisation ?

Les troubles thyroïdiens influencent la cicatrisation en modifiant le métabolisme cellulaire et la qualité des tissus. L’hyperthyroïdie peut accélérer la guérison mais fragiliser les cicatrices, tandis que l’hypothyroïdie ralentit la réparation et favorise des cicatrices plus épaisses.

Le dysfonctionnement thyroïdien peut avoir un impact significatif sur la cicatrisation et la qualité des cicatrices.

Hyperthyroïdie

L’hyperthyroïdie, caractérisée par une production excessive d’hormones thyroïdiennes, peut :

  • Accélérer le métabolisme cellulaire 🏃‍♂️, favorisant ainsi la cicatrisation, mais rendant les tissus plus fragiles et augmentant le risque de complications telles que les déchirures et les infections.
  • Altérer la synthèse du collagène, entraînant des cicatrices de moindre qualité, plus fragiles et plus susceptibles de se déchirer.
  • Augmenter la sudation et la température corporelle, provoquant une déshydratation des tissus, ralentissant le processus de cicatrisation et augmentant le risque d’infection.

Hypothyroïdie

L’hypothyroïdie, caractérisée par une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes, peut :

  • Ralentir le métabolisme cellulaire, retardant ainsi le processus de cicatrisation.
  • Altérer la vascularisation des tissus, réduisant l’apport en nutriments et en oxygène nécessaires à la réparation tissulaire, ce qui ralentit également la cicatrisation.
  • Modifier la composition du tissu conjonctif, favorisant la formation de cicatrices chéloïdes ou hypertrophiques.

Il est important de souligner que l’impact des troubles thyroïdiens sur la cicatrisation dépend de facteurs individuels tels que la sévérité de la maladie, la durée et l’efficacité du traitement pour rétablir un équilibre hormonal, l’état général du patient et les comorbidités associées.

Recherche actuelle

Actuellement, des recherches sont menées pour évaluer si l’application topique d’hormones thyroïdiennes pourrait stimuler la cicatrisation des plaies.