Tulle gras : indications, propriétés et bon usage en plaies

Tulle gras : indications, propriétés et bon usage en plaies

Introduction

Premier pansement moderne, le tulle gras (paraffin/petrolatum gauze) est un pansement non adhérent et non absorbant encore fréquemment utilisé.
Utilisé à tous les stades de la cicatrisation,  pour les plaies aiguës et chroniques, brûlures superficielles/partielles limitées, greffes cutanées (donneur/receveur) et certaines plaies post-opératoires peu exsudatives, il doit toujours être associé à un pansement secondaire absorbant adapté à l’exsudat.
Les tulles « non médicamenteux » (vaseline/paraffine, triglycérides neutres) se distinguent des tulles « médicamenteux » (povidone-iode, chlorhexidine, argent) à utiliser de façon ciblée et limitée dans le temps en cas de charge bactérienne critique. Les recommandations récentes rappellent que le choix du pansement doit être individualisé selon le profil lésionnel, l’exsudat et la douleur, sans supériorité démontrée d’une famille unique de pansements.

Définition et composition du tulle gras

Le tulle gras est une gaze à mailles larges imprégnée d’une substance lipophile (vaseline/paraffine « soft »). Certaines références modernes utilisent des triglycérides neutres (ex. Atrauman®), et des variantes « médicamenteuses » intègrent povidone-iode (ex. Inadine®), chlorhexidine (ex. Bactigras®) ou argent (ex. Atrauman® Ag). Ces interfaces laissent passer l’exsudat vers un pansement secondaire absorbant.
Toujours en fibres naturelles : généralement des fibres de coton imprégnées de paraffine. Usage historique depuis la Grande Guerre.
il ne doit pas être confondu avec les interfaces constituées de fibres de synthèse comme par exemple le silicone (ex. Mepitel®) ou de fibres de CMC/hydrofibre qui ne sont pas des « tulles ».

Historique : invention et diffusion clinique

Le tulle gras est mis au point en 1915 par Auguste Lumière (HCL Lyon) : gaze à mailles ~2 mm imprégnée de vaseline et baume du Pérou, stérilisée à l’autoclave. Diffusé en 1917-1918,  la composition a évolué (le baume du Pérou étant un allergène fréquent), mais l’interface grasse s’est diffusée en brûlologie et chirurgie dès la Première Guerre mondiale.

Propriétés et mécanismes d’action

  • pansement non adhérent
  • Maintien d’un milieu humide : favorise migration kératinocytaire et ré-épithélialisation ; évite la dessiccation.
  • Aucune absorption propre : l’équilibre humidité/macération dépend du pansement secondaire (compresses, hydrofibre/alginate, foam).
  • Tissu à maillage large (risque d’accrochage si granulation très proéminente).
  • Non absorbants, très peu adhérents, découpables.
  • Peuvent favoriser un hyper-bourgeonnement en cas d’excès d’humidité/occlusion (surveiller et corriger via secondaire/compression).

Indications et contre-indications

Indications usuelles (tulle non médicamenteux)

  • Plaies aiguës peu à modérément exsudatives : dermabrasions, plaies suturées/greffées (donneur/receveur), brûlures superficielles ou du 2e degré limitées.
  • application sous compression dans l’ulcère veineux (atraumatisme), la compression restant le traitement étiologique de référence.

Indications spécifiques (tulles médicamenteux)

  • Plaies avec charge bactérienne critique/risque infectieux : povidone-iode (Inadine®) courte durée ; alternative : chlorhexidine (Bactigras®) selon tolérance.

À éviter / précautions

  • Escarres : éviter la gaze simple ; privilégier d’autres classes de pansements selon l’exsudat.
  • Plaies très exsudatives : risque de macération si secondaire inadapté.
  • Allergies : antécédents au baume du Pérou, lanoline, chlorhexidine ou iode.

Compléments (indications pratiques)

  • Utilisables à tous les stades de la cicatrisation avec adaptation (choix du secondaire/rythme de change).
  • Plaies très exsudatives : association à un absorbant/super-absorbant/hydrofibre/alginate).
  • Plaies peu exsudatives et fin de cicatrisation.
  • Large gamme de plaies : traumatiques, post-op, ulcères sous compression, sites de greffes.
  • Utiles pour maintenir des greffes en place et protéger les lits fragiles.
  • Peuvent servir d’interface quand un pansement primaire est mal toléré (ex. alginates, super-absorbants, ou sous TPN pour réduire l’adhérence/douleur)

Contre-indications

  • Intolérance/Allergie à l’un des composants (paraffine, baume du Pérou, lanoline, CHX, iode).
  • Pas d’utilisation conjointe avec les pansements au DACC (SORBACT®) car « le gras » inhibe les capacités bactériostatiques du DACC.
  • Hyper-bourgeonnement non contrôlé malgré ajustement humidité/occlusion.

Efficacité clinique et limites

Les synthèses méthodologiques soulignent des preuves faibles et hétérogènes pour comparer les familles de pansements en plaies chroniques. Dans les brûlures superficielles/partielles, certaines alternatives (interfaces siliconées, argent, hydrogels/biomatériaux) montrent par endroits des bénéfices (douleur, vitesse) mais la qualité d’ensemble reste basse. Un ECR (adultes, brûlures superficielles-partielles) a montré que la vaseline topique pouvait être au moins aussi efficace que la sulfadiazine argentique (temps de ré-épithélialisation, infection). Dans les ulcères veineux, aucun pansement n’a démontré une supériorité robuste hors stratégies spécifiques ; la compression est déterminante.

Limites : absence d’absorption ; risque de macération si exsudat élevé ; possibles intolérances/allergies (baume du Pérou, lanoline) ou aux antiseptiques (CHX, PVP-I).

Conseils d’utilisation

  1. Évaluer (type, profondeur, exsudat, douleur) et sélectionner la taille (ex. 5×5, 10×10, 20×20).
  2. Nettoyer au NaCl 0,9 % ; sécher délicatement la peau périlésionnelle.
  3. Poser 1 seule feuille de tulle sur la plaie, sans tension ni plis.
  4. Ajouter un pansement secondaire absorbant (compresses stériles, hydrofibre/alginate/hydrocellulaire/superabsorbant), pas une autre compresse grasse.
  5. Maintenir par bande/adhésif non occlusif.
  6. Changer toutes les 24–48 h (jusqu’à 72–96 h si exsudat faible et/ou antiseptique avec durée validée). Si adhérence : irriguer au NaCl 0,9 % et retirer doucement (ne pas arracher à sec).

Points de vigilance : éviter les surépaisseurs ; surveiller la macération des berges ; limiter la durée des antiseptiques puis revenir à une interface neutre.

Difficultés pratiques

  • Mailles larges : des bourgeons peuvent s’y coincer → risque saignement/douleur ; précautions : irrigation, interface silicone alternative, ou mailles plus fines.
  • Tendance à sécher/durcir si intervalle de change trop long → humidifier/irriguer avant retrait.
  • Intérêt en greffes : un léger durcissement peut agir en adhésif de bolster pour maintenir les greffons (selon protocole chirurgical).

Modalités d’utilisation complémentaires

  • Sous compression dans les VLU (traitement étiologique de référence).
  • Phase d’hyper-exsudat : préférer hydrofibre/alginate/superabsorbant en primaire ; réserver le tulle à l’épidermisation/faible exsudat.
  • Antimicrobiens (PVP-I, CHX, Ag) : usage ciblé, limité, réévalué.

Effets observés sur la plaie

  • Diminution des traumatismes et de la douleur au retrait vs. gaze sèche.
  • Maintien d’un milieu humide favorisant la ré-épithélialisation.
  • Surveillance : macération des berges, bourgeon charnu/folliculite si occlusion excessive, signes d’intolérance/allergie (baume du Pérou, lanoline, CHX, iode).

Alternatives et associations

  • Interfaces siliconées (ex. Mepitel®) : non-adhérence supérieure et confort, utile si peau fragile/skin tears/greffes.
  • Interfaces lipido-colloïdes (Urgotul®) et matrices TLC-NOSF (UrgoStart®) : interfaces « actives ».
  • Hydrofibres/Alginates/pansements superabsorbants : préférables si exsudat élevé.
  • Pansements antimicrobiens (Ag, PVP-I, PHMB, DACC) : en cas d’infection locale/charge critique, usage ciblé.

Remboursement et disponibilité

France – LPPR (LPP)

  • Les pansements (dont pansements vaselinés/tulles gras) sont inscrits à la LPP.
  • NOUVEAUTÉ 1er avril 2025 : première délivrance en officine des pansements inscrits LPP limitée à 7 jours (arrêté du 13/03/2025, JO 19/03/2025). Renouvellement possible selon durée de traitement mentionnée.
  • Traçabilité : conserver preuves d’évaluation clinique et indication sur l’ordonnance.

Suisse – LiMA/MiGeL (AOS)

La LiMA/MiGeL liste les dispositifs pris en charge par l’AOS. La prise en charge des interfaces de contact dépend de leur inscription et des montants maximaux LiMA. Vérifier la référence et la position LiMA locales.

Belgique – INAMI

  • Plaies chroniques : intervention pour pansements actifs sur autorisation du médecin-conseil.
  • En officine : intervention directe d’environ 20 % pour certains pansements actifs listés (conditions réglementaires).

Disponibilité (sélection par pays)

France

  • Cuticell Classic – BSN Medical : 5×5 cm, 10×10 cm
  • Phartulle – Evolupharm : tailles standards
  • TulleGras M.S.Mylan (Viatris) : 5×10 cm, 10×10 cm, 10×40 cm, 20×20 cm
  • Lomatuell H – Lohmann-Rauscher : 5×5 cm, 10×10 cm, 10×20 cm, 10×30 cm
  • Jelonet – Smith & Nephew : 5×5 cm, 10×10 cm, 10×40 cm, rouleau 15 cm×2 m
  • Sylatulle – Sylamed : 5×5 cm
  • Biogaran Pansement Tulle Vaseliné – Biogaran : 5×5 cm

Suisse

Disponibilité des marques internationales : Cuticell, Lomatuell H, Jelonet, Adaptic, Grassolind. Tailles similaires à la France.

Belgique

  • Lomatuell H – Lohmann-Rauscher : 5×5 cm, 10×10 cm, 10×20 cm
  • Jelonet – Smith & Nephew : 10×40 cm
  • Méditulle – Euromedis : tailles standards

Conclusion

Pionnier des pansements modernes, le tulle gras reste une bonne interface atraumatique pour plaies peu à modérément exsudatives et certaines brûlures superficielles, à condition d’être couplé à un pansement secondaire absorbant et intégré dans une stratégie étiologique (ex. compression pour ulcère veineux). Les preuves comparatives demeurent limitées ; le choix doit être individualisé (exsudat, site, douleur, allergènes, objectifs). En cas d’exsudat élevé, de mauvaise tolérance, de peau très fragile ou d’objectif d’accélération de la cicatrisation, envisager plutôt des alternatives (interfaces siliconées, TLC/TLC-NOSF, hydrocellulaires/hydrofibres/alginates).

 

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FAQ

 

Quel est la bonne orthographe du mot tulle gras ?

le mot s’écrit « tulle gras » et non tulgras, tul gras, tulles gras, tullegras, tulle grasse comme on peut le voir parfois.

Quel est l’intérêt du tulle gras dans le traitement des plaies chroniques ou post-opératoires ?

Il protège le lit de plaie, limite l’adhérence au pansement secondaire et maintient un milieu humide. Utile en post-opératoire superficiel, mais limité en plaies chroniques où des pansements modernes sont généralement préférés.

Dans quels cas peut-on utiliser le tulle gras en toute sécurité ?

Plaies superficielles, brûlures du 1er degré, 2e degré superficielles et limitées, greffes cutanées (donneur/receveur), plaies post-opératoires peu exsudatives, avec un secondaire adapté.

Quelles sont les contre-indications ou situations à éviter avec le tulle gras ?

Plaies infectées, très exsudatives, ulcères chroniques évolués, escarres profondes/cavitaires ; allergies aux excipients (baume du Pérou, lanoline) ou aux antiseptiques (CHX, PVP-I) si tulle médicamenteux.

Quelle est la fréquence idéale de changement d’un pansement en tulle gras ?

En règle générale toutes les 24–48 h selon l’exsudat et l’évolution ; plus fréquent si dessèchement/adhérence. Peut être prolongé à 72–96 h si exsudat faible et selon protocole.

Comment appliquer et enlever correctement un tulle gras sans aggraver la plaie ?

Nettoyer au sérum physiologique, sécher la peau périlésionnelle, poser 1 couche de tulle sans tension, recouvrir avec un secondaire absorbant et fixer. Pour le retrait, irriguer au sérum si adhérence ; ne pas arracher à sec.

Le tulle gras aide-t-il réellement à cicatriser et avec quel niveau d’efficacité ?

Il favorise un milieu humide et un retrait atraumatique utile pour les plaies superficielles. Dans les plaies chroniques, l’efficacité est inférieure ou non supérieure aux pansements actifs (hydrocellulaires/hydrocolloïdes).

Le tulle gras a-t-il une action désinfectante ou antibactérienne ?

Non pour les tulles neutres (vaseline/paraffine). Seuls les tulles médicamenteux (ex. povidone-iode, chlorhexidine, argent) ont une activité antimicrobienne et doivent être utilisés de façon ciblée et limitée dans le temps.

Par quoi remplacer le tulle gras quand il n’est pas disponible ?

Compresse vaselinée/compresse de gaze grasse équivalente, interfaces siliconées (ex. Mepitel®), hydrocolloïdes/hydrocellulaires selon l’exsudat ; références proches : Adaptic®, Grassolind®, Medi Tulle®, Lomatuell H®.

Quelle est la différence entre un tulle gras simple et d’autres pansements comme les hydrocolloïdes ?

Le tulle gras est une interface passive non absorbante ; l’hydrocolloïde est un peu absorbant, gère l’exsudat et favorise la cicatrisation humide. Le choix dépend du profil lésionnel et des objectifs (douleur, exsudat, peau fragile).

Le tulle gras est-il pris en charge par la Sécurité sociale ou d’autres dispositifs de remboursement ?

Oui : France (LPPR/LPP), Suisse (LiMA/MiGeL), Belgique (INAMI) avec conditions selon références et tailles. Vérifier les listes et montants en vigueur.

Peut-on utiliser le tulle gras sur une brûlure du 2e degré et jusqu’à quel stade ?

Oui pour les 2e degrés superficiels de surface limitée ; pour les brûlures plus profondes/étendues, privilégier des pansements spécifiques et/ou avis spécialisé.

Que faire si la plaie ne cicatrise pas après plusieurs jours de traitement avec tulle gras ?

Réévaluer l’étiologie (infection, vascularisation, pression), adapter la prise en charge, passer à un pansement actif (hydrocellulaire/hydrofibre/alginate, argent si indiqué) et envisager une orientation spécialisée.

Qu’est-ce qu’un pansement en tulle gras et quelle est sa composition ?

Gaze à mailles larges imprégnée de vaseline ou de paraffine (parfois triglycérides neutres). Existe en versions médicamenteuses (PVP-I, CHX, Ag).

Pourquoi le tulle gras colle-t-il parfois à la plaie ?

Dessèchement de l’imprégnation, manque d’absorption du secondaire, intervalle de change trop long ou bourgeons proéminents coincés dans les mailles. Prévenir par un secondaire adapté et des changements réguliers ; irriguer avant retrait.

Quelle est la taille standard des tulles gras disponibles ?

Tailles courantes : 5×5, 10×10, 10×20, 20×20 cm ; formats allongés 10×40 cm et rouleaux selon les marques.

Quels sont les effets indésirables possibles du tulle gras ?

Macération des berges, adhérence secondaire, douleur au retrait, hyper-bourgeonnement si occlusion excessive, réactions d’hypersensibilité (excipients/antiseptiques).

Quels sont les noms commerciaux du tulle gras disponibles en France, Suisse et Belgique ?

Exemples : Cuticell Classic® (BSN), Lomatuell H® (Lohmann-Rauscher), Jelonet® (Smith & Nephew), Medi Tulle®, Méditulle® (Euromedis), Adaptic®, Grassolind® ; disponibilités et tailles variables selon pays.

Quel pansement mettre par-dessus le tulle gras ?

Un secondaire absorbant (compresses stériles, hydrofibre/alginate/ superabsorbant selon l’exsudat) et un maintien adapté ; éviter de superposer deux interfaces grasses.

Le tulle gras est-il adapté aux escarres ?

À réserver aux situations superficielles et peu exsudatives ; pour escarres évoluées, privilégier des interfaces/absorptions adaptées.

Quel est le prix moyen du tulle gras et son mode de délivrance ?

Ordre de grandeur : 5 à 15 € la boîte selon taille/marque/conditionnement. Délivrance en pharmacie et circuits professionnels.

 

Références (sélection)

  • NICE. Chronic wounds: advanced wound dressings and antimicrobial dressings. ESMPB2, 2016. LienPDF
  • Wasiak J et al. Dressings for superficial and partial thickness burns. Cochrane 2013. PubMed
  • Genuino GAS et al. Petrolatum vs silver sulfadiazine in superficial partial thickness burns. Burns 2014. PubMed
  • Tulle Gras wikipedia 
  • Allergies : Baume du Pérou (revue 2019/2021), Lanoline (ACDS Allergen of the Year 2023). 1234
  • NICE CG179 (2014, surveillance 2018). Ulcères de pression : ne pas utiliser de gaze. Lien
  • VLU et compression : NICE HTE (2025) & revues 2023/2021. HTE20232021
  • Réglementation France (LPP 2025) : Ordre des Pharmaciens, AMELI, Legifrance. 123
  • Suisse – LiMA/MiGeL : OFSP. FRDE
  • Belgique – INAMI & organismes.
Rhéophérèse en cicatrisation : une technique innovante pour les plaies difficiles à cicatriser

Rhéophérèse en cicatrisation : une technique innovante pour les plaies difficiles à cicatriser

Malgré les progrès des soins locaux et de la revascularisation, la prévalence des plaies chroniques reste élevée. D’autres options thérapeutiques doivent être envisagées pour améliorer la prise en charge. Parmi elles, la rhéophérèse en cicatrisation s’impose comme une piste intéressante pour certaines plaies difficiles à traiter.

 

Qu’est-ce que la rhéophérèse ?

La rhéophérèse est une technique particulière de filtration du sang, réalisée en deux étapes : d’abord une aphérèse qui sépare le plasma des cellules sanguines, puis une filtration du plasma à travers un « rheofilter ». Ce filtre retient spécifiquement les macromolécules responsables de l’hyperviscosité du sang (fibrinogène, IgM, LDL-cholestérol, facteur de Willebrand, alpha-2-macroglobuline). En abaissant la viscosité sanguine, la rhéophérèse vise à améliorer la perfusion microvasculaire et à réduire l’inflammation.

Rhéophérèse et plasmaphérèse : quelles différences ?

La rhéophérèse est une forme spécifique de plasmaphérèse. Contrairement à la plasmaphérèse classique, la filtration est ici double et sélective, avec peu de nécessité de remplacer le plasma (parfois un apport d’albumine est réalisé). Le risque d’allergie est faible par rapport à la plasmaphérèse, mais le coût par séance est plus élevé, en raison du filtre dédié.

Quels sont les résultats cliniques observés ?

La rhéophérèse améliore la microcirculation, accélère la cicatrisation, réduit la douleur, et peut être couplée à la dialyse chez certains patients.

Indications de la rhéophérèse en cicatrisation

Premiers résultats publiés

  • Ulcère ischémique du membre inférieur : des études prospectives montrent une amélioration de l’oxygénation tissulaire et une réduction de la surface de plus de 50 % à 3 mois chez environ la moitié des patients non revascularisables.
  • Pied diabétique ischémique : les études pilotes indiquent une accélération de la cicatrisation de 30 % et une limitation des amputations majeures.
  • Calciphylaxie : la rhéophérèse est reconnue comme traitement adjuvant de 2e intention, souvent couplée à la dialyse chez les patients insuffisants rénaux.
  • Ulcération digitale de la sclérodermie : les séances bihebdomadaires permettent une diminution de la douleur et une cicatrisation partielle à complète dans 60 % des cas en 8 semaines.

Protocole de la rhéophérèse en cicatrisation

Les séances sont réalisées en centre de dialyse sous la supervision d’un néphrologue. Chaque séance dure en moyenne 2 heures, à raison de deux fois par semaine, avec une réévaluation à J30 puis J60. Le protocole type : deux séances par semaine pendant 3 semaines, puis une séance hebdomadaire jusqu’à amélioration.

Limites et complications potentielles

Limites du traitement

  • Peu d’études randomisées, effectifs limités
  • Absence de recommandation formelle en cicatrisation
  • Matériel dédié et filtre à usage unique onéreux
  • Protocole long, initialement intensif
  • Nécessité d’un cathéter veineux central chez les patients non dialysés (risques infectieux/thrombotiques)

Complications potentielles

  • Hypotension, crampes, céphalées, hypocalcémie
  • Infections, thromboses, hématomes, pneumothorax liés au cathéter
  • Hypofibrinémie excessive, thrombopénie transitoire, risque hémorragique
  • Rares réactions allergiques à la membrane, risque d’embolie gazeuse

Perspectives futures pour la rhéophérèse en cicatrisation

  • Lancement d’essais randomisés contrôlés
  • Développement de filtres de nouvelle génération limitant la perte d’albumine
  • Utilisation de biomarqueurs pour prédire la réponse (fibrinogène, e-sélectine, viscosité plasmatique)
  • Thérapies combinées : rhéophérèse + thérapie cellulaire (PRP, matrice dermique, derme artificiel) ou réhabilitation vasculaire
réophérèse photo technique particulière de plasmaphérèse pour la cicatrisation

Conclusion : la rhéophérèse en cicatrisation, une innovation à surveiller

La rhéophérèse en cicatrisation ouvre de nouvelles perspectives dans la prise en charge des plaies complexes et difficiles à guérir. Elle reste une stratégie de 2e intention, en particulier pour les plaies ischémiques en échec de revascularisation et de soins locaux. Pour les indications établies, le rapport bénéfices/risques est jugé favorable. L’angiodermite nécrotique, quant à elle, nécessite encore une évaluation expérimentale et un encadrement multidisciplinaire.

Algorithme décisionnel en quatre étapes

  1. Optimisation des traitements de première intention
  2. En cas d’échec, évaluation de la perfusion, de la viscosité et des comorbidités
  3. Décision collégiale de rhéophérèse en cicatrisation en cas d’impasse thérapeutique
  4. Réévaluation à 1 et 2 mois : arrêt si absence de réponse

FAQ – Rhéophérèse en cicatrisation

Qu’est-ce que la rhéophérèse ?

La rhéophérèse est une technique d’aphérèse spécialisée, destinée à éliminer du plasma sanguin certaines macromolécules responsables d’une viscosité excessive. Elle vise à améliorer la microcirculation et la cicatrisation des plaies difficiles, notamment dans les contextes d’ischémie ou de pathologies vasculaires.

Quelle est la différence entre rhéophérèse et plasmaphérèse ?

La rhéophérèse se distingue de la plasmaphérèse par une double filtration sélective du plasma, permettant de cibler spécifiquement les molécules responsables de l’hyperviscosité, avec moins de nécessité de remplacement du plasma. Le risque d’allergie est également plus faible.

Dans quels cas la rhéophérèse est-elle indiquée en cicatrisation ?

Elle est utilisée en cas d’ulcère sur AOMI, pied diabétique ischémique non-revascularisable, calciphylaxie urémique ou non urémique, ulcérations digitales de la sclérodermie systémique, et en expérimental pour l’angiodermite nécrotique.

La rhéophérèse peut-elle être réalisée en même temps qu’une dialyse ?

Oui, la rhéophérèse peut être couplée à une séance de dialyse chez les patients insuffisants rénaux, en particulier dans la prise en charge de la calciphylaxie.

Quels sont les principaux risques ou complications de la rhéophérèse ?

Les principaux risques incluent hypotension, crampes, hypocalcémie, complications liées au cathéter (infection, thrombose), hypofibrinémie, thrombopénie transitoire, et plus rarement réactions allergiques à la membrane ou embolie gazeuse.

Lipodermatosclérose : définition, physiopathologie et prise en charge

Lipodermatosclérose : définition, physiopathologie et prise en charge

La Lipodermatosclérose est une forme avancée d’insuffisance veineuse chronique associant une hyperpression veineuse, une stase veineuse et une fibrose cutanée ; elle peut se compliquer d’un ulcère à fond scléreux. Ce guide synthétique détaille les mécanismes, les signes cliniques (dermite ocre, atrophie blanche, eczéma variqueux), les limites de la compression et les protocoles infirmiers pour accélérer la cicatrisation.

Définition de la lipodermatosclérose

La lipodermatosclérose  est une inflammation du tissu adipeux sous cutané (panniculite) et du derme entraînant une fibrose dermo-hypodermique du tiers inférieur de jambe. Elle correspond à la classe CEAP C4b de l’insuffisance veineuse chronique (IVC) et évolue sur plusieurs années de stase sanguine persistante.

Physiopathologie : stase et hyperpression veineuse

L’hyperpression veineuse prolongée déclenche :

  • Une activation leucocytaire → cytokines pro-fibrotiques (IL-1, TNF-α).
  • Destruction de l’hypoderme de jambe et de derme puis constitution de fibrose
  • Raréfaction micro-vasculaire ⇒ hypoxie tissulaire avec atrophie blanche
  • eczéma de stase, dermite de stase.

Le cercle vicieux « œdème → fibrose → retour veineux aggravé » explique l’apparition de l’ulcère veineux à fond scléreux.

Epidémiologie

Environ 10% des patients atteints d’insuffisance veineuse chronique développeront une lipodermatosclérose. Une ulcération secondaire survient chez environ 13% des patients.

Diagnostic & signes cliniques

Tableau typique :

  • Dermite ocre de jambe (dépôts d’hémosidérine).
  • Atrophie blanche jambe : zones parcheminées, avasculaires.
  • Induration circonférentielle – avec chevilles en « bouteille de champagne inversée ».
  • Doppler : reflux ou obstacle, pression veineuse > 90 mmHg.
  • Au toucher, la peau est dure et on ne peut pas la plisser.
  • peau rouge : dermo-hypodermite chronique peut être associée

Insuffisance veineuse profonde vs superficielle : quelles répercussions ?

Maladies veineuses profondes (syndrome post-thrombotique) et superficielles (reflux saphénien) partagent la même conséquence : stase et lipodermatosclérose. L’écho-Doppler cartographie les deux systèmes pour guider une éventuelle ablation endoveineuse ou la reperméabilisation profonde.

Traitement de la lipodermatosclérose

  • Mesures d’hygiène : repos jambes surélevées 2 à 3 heures par jour, marche régulière, perte de poids, surélévation des pieds du lit (10 à 20 cm) , éviter la station debout prolongée et le piétinement.
  • Compression élastique 30-40 mmHg ou systèmes inélastiques.
  • Médicaments : pentoxifylline, flavonoïdes.
  • Correction étiologique si possible : laser ou radiofréquence pour reflux superficiel ; angioplastie/ou stenting si obstruction profonde.
  • Gestion de la peau périlésionnelle : émollients + dermocorticoïdes pour dermatite de stase.

Evolution et complications

Sans correction de l’insuffisance veineuse chronique, la lipodermatosclérose progresse vers une fibrose cutanéo-tendineuse, une atrophie blanche, un eczéma de stase et surtout un ulcère veineux  récidivant.

La présence de lipodermatosclérose autour d’un ulcère est un facteur pronostique majeur de retard de cicatrisation et de récidive.

Une sclérose importante au niveau de la cheville, peut entrainer une raideur voire une ankylose de cheville. Cela entraine une limitation du retour veineux.

Ulcère veineux à fond scléreux : une gestion complexe

La sclérose se définit comme un développement anormal du tissu conjonctif entraînant une altération de la structure de la peau avec peu de cellules et peu de vaisseaux. La conséquence est un durcissement du fond de la plaie et des tissus environnants ainsi qu’une perte d’élasticité de la peau.

La sclérose est synonyme de fibrose. On parle alors d‘ulcère à fond « fibreux » ou « scléreux ». On peut lire aussi parfois ulcère « fibro-scléreux ».

Il y a souvent une inflammation chronique de la peau périphérique (dermite chronique ou dermo-hypodermite chronique) il peut y avoir aussi une atrophie (raréfaction des cellules avec aspect blanc = atrophie blanche).

La cicatrisation est souvent plus lente qu’un ulcère veineux standard. Cela vient du fait de la présence de peu de cellules et de la vascularisation insuffisante. Il faut donc en informer le patient et ne pas se décourager.

Le traitement de l’ulcères scléreux

Soins de base

Le fond fibreux de l’ulcère peut être pris pour de la fibrine mais en passant la curette, on retrouve une sensation de dureté de crissement comme de la pierre. Le fond saigne très vite.

Parfois on observe quelques zones rouges témoin de la présence de quelques vaisseaux ou de rares bourgeons.

La plaie est souvent très douloureuse notamment lors de la détersion.

Elle a tendance à s’agrandir en cas de lavage ou de détersion trop agressive ou de pansement inadapté : elle se rapproche du cas des plaies pathergiques comme l‘angiodermite nécrotique ou le pyoderma gangrenosum

lavage très doux sans frotter et limiter la détersion au maximum.

On peut utiliser des anesthésiants locaux comme la LIDOCAINE en gel et au besoin des antalgiques par voie orale en complément lors des soins.

Compression comme décrite plus haut.

Pansements possibles en première intention

  • Hydrofibre/alginate (exsudats + à ++).
  • Mousse silicone (exsudat ±).

Pansements à éviter : hydrogels et pansements hydro-balancés (macération bordure), TPN, pansements trop adhérents.

Traitements de seconde intention

La greffe cutanée est utile pour relancer la cicatrisation en particulier le bourgeonnement même si la prise de greffe n’est pas toujours bonne.

L’électrostimulation peut permettre de favoriser le bourgeonnement, diminuer la douleur avec la possibilité d’effecteur une greffe de couverture de qualité dans un second temps après avoir obtenu un bourgeonnement homogène de la plaie.

Le gel de PRP peut favoriser le bourgeonnement et l’antalgie en protégeant bien les bords

La matrice dermique acellulaire, intermédiaire entre un pansement et une greffe, peut relancer la cicatrisation.

La luminothérapie LED ou laser infrarouge peut contribuer à stimuler les cellules de la cicatrisation.

Compression et tissus scléreux : limites & solutions

La fibrose rend la peau « incompressible » ; la pression interface mesurée reste < 40 mmHg malgré un bandage classique. Solutions :

  1. Dispositifs de bandage multicouche avec bandes à extension courte
  2. Compression pneumatique intermittente si œdème persistant.

Suivi infirmier

Tracer la surface de plaie, photos régulières, éduquer à l’élévation des jambes, éviter station debout prolongée, surveiller l’oedème de stase.

lipodermatosclérose photo avec dermo-hypodermite chronique et ankylose de cheville
lipodermatosclérose en bouteille de champagne renversée ou guêtre scléreuse
lipodermatosclérose photo avec dermite ocre
ulcère à fond scléreux photo sur lipodermatosclérose

FAQ – Lipodermatosclérose

Qu’est-ce que la lipodermatosclérose ?

Il s’agit d’une panniculite inflammatoire avec fibrose cutanée due à une insuffisance veineuse chronique sévère et une stase veineuse prolongée.

La lipodermatosclérose est-elle grave ?

Oui : elle prédispose à l’ulcère veineux scléreux, douloureux et long à cicatriser, et signale souvent une maladie veineuse avancée.

Quelle est la cause principale de la lipodermatosclérose ?

Une hyperpression veineuse chronique : reflux saphénien non traité, syndrome post-thrombotique, obstruction iliaque, ou combinaison des deux.

La compression peut-elle devenir inefficace ?

Oui. Quand les tissus deviennent très durs, la pression se transmet mal. Utilisez des bandes inélastiques et complétez éventuellement avec des séances de compression pneumatique intermittentes.

Comment traiter la lipodermatosclérose ?

Compression adaptée, traitement étiologique veineux, soins cutanés pour dermite ocre et eczéma de stase, exercices veineux et perte de poids.

 

Sources

  1. DermNet NZ – Lipodermatosclerosis (2023)
  2. Lipodermatosclerosis: from pathophysiology to treatment
  3. Lipodermatosclerosis
  4. Leg ulcers (and disorders of venous insufficiency)
Usage détourné d’un pansement bioactif à base d’acide hyaluronique.

Usage détourné d’un pansement bioactif à base d’acide hyaluronique.

L’idée est partie des États-Unis par l’intermédiaire de femmes sur les réseaux sociaux.
La crème à base d’acide hyaluronique (*) ferait un tabac…

Sur Tik-Tok, ce produit serait qualifié par des « stars » comme étant la crème anti-âge « la plus puissante au monde »….

La crème serait appliquée régulièrement sur le visage ou carrément utilisée en masque.

Cette rumeur qui enfle s’est propagée en France, d’abord en région parisienne puis à l’ensemble des métropoles.
De plus en plus de femmes réclameraient à leur médecin des prescriptions de ce produit remboursé par la sécurité sociale.

Ce mésusage de la crème à l’acide hyaluronique, s’il progresse, pourrait entraîner son déremboursement. Pourtant, l’utilisation de ce pansement bio-actif est loin d’être négligeable dans le traitement des plaies. De nombreuses études corroborent son utilité.

Pour contrôler ce phénomène de mode, la solution est simple : IL SUFFIT QUE LES PRESCRIPTEURS APPOSENT LA MENTION « NON REMBOURSÉE » SUR LEUR ORDONNANCE, LORSQUE LES PATIENTES FONT UNE DEMANDE À USAGE COSMÉTIQUE.

A diffuser largement !!

(*) IALUSET crème et l’EFFIDIA crème commercialisés pour la cicatrisation en France et sous le nom de HYALUGEN® en Suisse

Angiodermite nécrotique : symptômes, diagnostic, traitement et prise en charge

Angiodermite nécrotique : symptômes, diagnostic, traitement et prise en charge

L’angiodermite nécrotique est un type d’ulcère ischémique particulièrement douloureux du membre inférieur, souvent confondu avec d’autres plaies chroniques de jambe. Cette pathologie, encore trop souvent méconnue, nécessite une prise en charge spécifique et rapide.
Découvrez comment l’identifier, la différencier et la traiter efficacement en pratique clinique, la greffe restant le traitement le plus efficace.

Définition et physiopathologie de l’angiodermite nécrotique

L’angiodermite nécrotique (aussi appelée “ulcère de Martorell” ou “ulcère suspendu”) est une plaie cutanée ischémique liée à une microangiopathie artériolaire des membres inférieurs. Elle est due à une occlusion des petites artères du derme, dans un contexte d’hypertension artérielle ancienne, parfois de diabète ou d’insuffisance veineuse chronique.

L’origine précise de cette maladie reste mal connue : on suspecte un rôle central des atteintes vasculaires (microangiopathie hypertensive), mais d’autres facteurs sont probablement impliqués.

Épidémiologie de l’angiodermite nécrotique

Bien que l’angiodermite nécrotique soit souvent présentée comme une maladie rare, elle peut représenter jusqu’à 10 à 15 % des ulcères de jambe dans certaines études.
Elle atteint en priorité les femmes de plus de 65 ans, mais peut aussi toucher les hommes. Le terrain vasculaire est constant : hypertension artérielle ancienne, diabète, parfois insuffisance veineuse. La bilatéralité et la symétrie sont possibles : une même lésion peut se développer sur les deux jambes.
Il n’y a jamais d’angiodermite nécrotique au-dessus du genou ou au niveau du pied.

Symptômes et diagnostic clinique

Le diagnostic est avant tout clinique. La lésion démarre généralement après un traumatisme minime à la jambe. Elle débute par une rougeur, évolue vers un aspect violacé, puis une nécrose cutanée avec formation rapide d’une ulcération extrêmement douloureuse.

La douleur est d’emblée intense et permanente, même la nuit, sans position de soulagement. L’ulcération s’étend de façon centrifuge, à partir d’une bordure rouge et violacée (livédo). L’évolution peut être aggravée par le frottement ou une détersion agressive, traduisant un phénomène de pathergie.

À l’examen, la plaie est nécrosée, à bords nets, peu exsudative, souvent localisée sur la partie antéro-externe du tibia, parfois de manière bilatérale et symétrique. Elle peut aussi se situer en regard de la zone achilléenne (exemple : suite à un frottement sur le talon d’une chaussure). La périphérie violacée (« livédoïde ») est caractéristique.

Un bilan doppler artériel des membres inférieurs est indispensable : il permet d’exclure une artérite sévère.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel inclut :

  • Ulcère artériel : terrain d’artériopathie, localisation plutôt au pied ou aux orteils, absence de microangiopathie
  • Pyoderma gangrenosum : ulcère très inflammatoire, bords violacés, contexte de maladie systémique
  • Ulcères veineux : bords irréguliers, exsudat abondant, douleur moins intense
  • Nécrose cutanée d’autres origines : calciphylaxie en cas d’insuffisance rénale chronique sévère

Le patient peut parfois avoir une insuffisance veineuse associée ou une artériopathie oblitérante des membres inférieures mais celle-ci ne doit pas être suffisamment sévère pour expliquer la présence de l’angiodermite nécrotique.

 

Tableau comparatif des diagnostics différentiels
Diagnostic Localisation Douleur Terrain Aspect de la plaie
Angiodermite nécrotique Tibia antéro-externe mais jamais au dessus du genou et au niveau du pied Intense, permanente Femme >65 ans, HTA, diabète Nécrose noire, bords nets, extension centrifuge, livedo périphérique
Ulcère artériel Pied, orteils, suspendu Intense Artériopathie Nécrose sèche, creusante
Pyoderma gangrenosum Jambe, périostéal Variable Maladie systémique Bords violacés, très inflammatoire
Ulcère veineux plutôt malléolaire Modérée Insuffisance veineuse Bords irréguliers, exsudat
Calciphylaxie cutanée Jambe, cuisse Très douloureux IRC sévère Nécrose, calcifications sous-cutanées

Causes et facteurs de risque

L’angiodermite nécrotique est surtout liée à une microangiopathie hypertensive, secondaire à une HTA ancienne. Les facteurs de risque : hypertension artérielle, diabète, âge avancé, insuffisance veineuse, obésité.

Des facteurs favorisants : traumatisme même minime, friction, parfois gestes de soins inadaptés (détersion agressive).
Attention à la calciphylaxie cutanée chez les patients en insuffisance rénale chronique sévère : le diagnostic différentiel est parfois difficile.

Prise en charge médicale et infirmière

Le traitement associe :

  • Repos +++ et traitement efficace de la douleur (antalgiques palier II/III) en premier lieu
  • Hospitalisation souvent nécessaire (lésion étendue ou douleur incontrôlable)
  • Greffe précoce +++ : traitement principal, permettant un soulagement rapide de la douleur et un arrêt de la poussée
  • Soins locaux : pansements doux, éviter toute friction ou détersion agressive (phénomène de pathergie).
  • La douche n’est pas contre-indiquée, à condition de respecter un faible débit
  • Compression non recommandée
  • Contrôle strict de la tension artérielle et correction des facteurs de risque cardiovasculaires
  • Traitements complémentaires possibles : corticoïdes topiques forts, thérapie par pression négative, PRP en gel, matrices dermiques, anticoagulants (en cours d’évaluation), électrothérapie (prometteuse)
  • Prévention des complications : surinfection : prélèvement bactériologique, antibiothérapie adaptée si besoin
  • Prise en charge pluridisciplinaire (médecin, infirmier expert en plaies, dermatologue, chirurgien plasticien)

La stratégie thérapeutique dépend de l’ancienneté de la plaie et de la réponse au traitement. Des traitements spécialisés peuvent être nécessaires pour obtenir la cicatrisation complète. Suivez ma formation pour établir une stratégie adaptée.

 

Complications possibles et évolution de l’angiodermite nécrotique

Comme toute plaie chronique, l’angiodermite nécrotique expose à plusieurs complications :

  • Surinfection bactérienne : le risque de surinfection locale est élevé, surtout chez les patients fragiles. Un prélèvement bactériologique est indiqué devant tout signe clinique d’infection.
  • Douleur chronique invalidante : la douleur peut persister longtemps et altérer la qualité de vie, nécessitant parfois une prise en charge antidouleur spécialisée.
  • Retard de cicatrisation : certaines lésions évoluent lentement malgré une prise en charge optimale, notamment en cas de terrain défavorable (diabète, âge avancé).
  • Extension ou récidive : l’ulcère peut s’étendre de façon centrifuge, ou réapparaître sur l’autre jambe (atteinte bilatérale possible).
  • Exposition tendineuse ou osseuse possible selon les localisations
  • Risque d’amputation : exceptionnel mais possible en cas d’évolution défavorable, d’infection profonde ou de perte de substance importante.

Par ailleurs, il n’existe pas de risque dégénératif connu (transformation maligne) associé à l’angiodermite nécrotique.

Durée de cicatrisation

La durée de cicatrisation d’une angiodermite nécrotique est variable : elle dépend du terrain, de la précocité du diagnostic, et de la rapidité de mise en place d’une greffe cutanée. Avec une prise en charge adaptée, la greffe permet souvent une cicatrisation en quelques semaines. Sans greffe, l’évolution est généralement lente : plusieurs mois sont parfois nécessaires pour obtenir la fermeture complète de la plaie. Un suivi spécialisé est recommandé jusqu’à cicatrisation complète pour prévenir la récidive.

Cas cliniques et photos

angiodermite nécrotique photo
angiodermite nécrotique photo
plaie nécrosée photo

FAQ – Questions fréquentes sur l’angiodermite nécrotique

Comment soigner une angiodermite nécrotique ?

Le traitement principal repose sur le contrôle de la tension artérielle, la gestion de la douleur, les soins locaux doux, la prévention de la surinfection, et la greffe précoce qui permet un soulagement rapide. Une hospitalisation et une prise en charge pluridisciplinaire sont souvent nécessaires.

Quels sont les symptômes de l’angiodermite nécrotique ?

Douleur très intense, continue (jour et nuit), ulcère nécrosé à bords nets, extension centrifuge à partir d’une zone rouge/violacée, parfois bilatéral, localisé sur la jambe mais jamais au-dessus du genou ni au niveau du pied.

Comment différencier une angiodermite nécrotique d’un ulcère artériel ?

Ces deux types d’ulcère pouvant être d’allure semblable, seule l’absence de pouls périphériques et surtout le doppler artériel montrant une artériopathie oblitérante des membres inférieurs va orienter vers un ulcère d’origine artériel.

Quelle prise en charge infirmière pour l’angiodermite nécrotique ?

Évaluation régulière, soins locaux très doux sans frotter, éviter les pansements traumatisants et la friction, surveillance de l’évolution, prise en charge de la douleur, prévention des complications.

Existe-t-il des photos ou des cas cliniques d’angiodermite nécrotique ?

Oui, de nombreux cas cliniques sont documentés : ulcère nécrosé noir, bords nets, extension centrifuge, localisation typique. Les photos cliniques sont utiles pour reconnaître cette entité.

Quelle est la cause de l’angiodermite nécrotique ?

Le plus souvent, une microangiopathie hypertensive sur terrain vasculaire (HTA ancienne, diabète), parfois favorisée par un traumatisme minime.

Combien de temps faut-il pour cicatriser une angiodermite nécrotique ?

La cicatrisation dépend de la rapidité du diagnostic, du terrain et de la stratégie thérapeutique. Une greffe précoce permet souvent une cicatrisation en quelques semaines, alors qu’une prise en charge conventionnelle peut nécessiter plusieurs mois.

Tout savoir pour prendre en charge l'angiodermite nécrotique

Suivez notre formation approfondie avec photos, protocoles de soins et de traitement.

Quel est le secret des infirmiers experts plaies les plus sollicités ? Quelle est la clé de leur succès ?

Quel est le secret des infirmiers experts plaies les plus sollicités ? Quelle est la clé de leur succès ?

Un jour, en discutant avec un infirmier expert sur les défis quotidiens liés à la cicatrisation, il m’a confié : « J’aimerais vraiment savoir rédiger un compte-rendu, » m’a-t-il avoué avec une pointe de frustration. « Je ne sais pas comment faire, et c’est un vrai problème pour communiquer avec mes médecins prescripteurs. » 💬🏥

Sur le moment, j’étais surpris. En tant que médecin, la rédaction de compte-rendu m’a toujours semblé évidente. Dès l’internat, c’est un exercice quotidien. Mais il m’apparaissait clair que pour les infirmiers experts, ce n’était pas une routine intégrée à leur formation. Le DU Plaies et cicatrisation n’apporte pas non plus les outils. 

Cette conversation m’a ouvert les yeux. Au fil de nombreux autres échanges, j’ai découvert que beaucoup d’infirmiers partageaient cette difficulté, ce qui les empêchait de mettre en valeur leur expertise et d’étendre leur réseau professionnel, pénalisant ainsi leur activité. 🌐📈

Moi-même, en envoyant quotidiennement des rapports sur la cicatrisation de mes patients, j’ai pu constater combien cela a enrichi mon activité, en élargissant mon réseau et en renforçant ma réputation dans ma région. 📊🚀

Le compte-rendu n’est pas juste un rapport ou une formalité; c’est un moyen très puissant de faire reconnaître votre expertise, un pilier de communication avec le corps médical, et une stratégie pour contourner toute problématique de publicité. 🌟📚

Convaincu de l’impact positif que cela pourrait avoir, j’ai créé une formation spécialement conçue pour les infirmiers experts. Ce programme leur apprend à rédiger des comptes-rendus initiaux, de suivi, et finaux, tout en étant court et direct: moins de 30 minutes de vidéo, avec des exemples concrets et en bonus un modèle de compte-rendu pour chaque situation. 🎓🕒

Merci à Nicolas Charpentier pour avoir inspiré cette initiative ! 👏💡

Si vous êtes intéressé par cette opportunité de développement professionnel, cliquez ici

Experts plaies : obtenez vos prescriptions médicale à temps !

Experts plaies : obtenez vos prescriptions médicale à temps !

« D’après vous, qu’est-ce qui prend le plus de temps : recevoir une prescription médicale ou monter l’Everest ? 🏔️

Moi, j’ai ma petite idée… 😜 »

Vous connaissez le scénario :

Vous demandez une ordonnance.

Silence radio.

Vous relancez.

Toujours rien.

Vous finissez par vous demander si le médecin est en vacances.

Et là, vous vous retrouvez à jouer les détectives pour savoir quel canal utiliser : SMS, email, pigeons voyageurs ?

Bonne nouvelle, j’ai préparé un petit guide pour éviter ces courses contre la montre et recevoir vos prescriptions (plus vite que la lumière ?).

En tant qu’expert en plaies, titulaire d’un DU Plaies et Cicatrisation, il est souvent difficile d’obtenir rapidement une prescription de la part d’un médecin correspondant. Ce retard peut entraîner des conséquences importantes dans la prise en charge des patients.

 

🚨 Un problème fréquent

 

Les prescriptions manquantes provoquent souvent des retards dans les traitements tels que :

  • Soins infirmiers
  • Examens complémentaires (prise de sang, Doppler, prélèvement bactériologique)
  • Orientation vers un spécialiste
  • Accès au dossier médical du patient

Conséquences des retards

Il arrive que vous deviez relancer plusieurs fois ou même vous déplacer en personne pour obtenir l’ordonnance.

 

Comment communiquer efficacement avec votre médecin correspondant

 

Chaque médecin a ses habitudes de communication :

  • e-mail,
  • téléphone fixe ou mobile,
  • SMS,
  • WhatsApp ou autres réseaux sociaux
  • ou messagerie sécurisée.

Utilisez le bon canal pour éviter l’échec.
Prenez toujours note des préférences de communication du médecin, car utiliser le mauvais canal peut entraîner des retards.

 

La meilleure stratégie

 

Contactez le secrétariat du médecin et demandez :

« Par quel moyen puis-je joindre le Dr X en cas d’urgence ? »

Si la secrétaire hésite, proposez-lui différents moyens de contact.

Les médecins réagissent souvent rapidement en cas d’urgence.

 

Comment formuler votre demande de prescription

 

Utilisez le canal de communication préféré du médecin.
Exprimez un sentiment d’urgence.
Soyez précis.

Exemple 1 :

« Cher Docteur X, pourriez-vous m’envoyer une prescription pour commencer les soins infirmiers de Madame Z le plus rapidement possible ? Voici le modèle pour éviter tout rejet par la Sécurité Sociale. »

Utilisez un ton respectueux pour garantir une communication fluide avec votre médecin correspondant :

 

Exemple 2 : sur un ton de suggestion

« Cher Docteur X, Madame Y n’a jamais eu d’exploration vasculaire, et je suis inquiet. Je ne retrouve pas ses pouls au niveau de sa cheville. Ne serait-il pas utile de prescrire un Doppler artériel ? Pouvez-vous me l’envoyer ou préférez-vous lui transmettre directement ? »

 

Exemple 3 : toujours sur un ton de suggestion

« Cher Docteur X, Madame Y présente un œdème sévère à la jambe, ce qui entraîne beaucoup de fibrine dans sa plaie. Ne pensez-vous pas qu’une compression serait nécessaire ? Le système Z pourrait convenir à sa situation. Pourriez-vous m’envoyer une ordonnance ? »

 

Si vous n’obtenez pas de réponse

 

Si le médecin ne répond pas sous 24-48 heures, envoyez un rappel poli.

Première relance :

« Cher Docteur X, je me permets un petit rappel concernant Madame Y. Elle a toujours besoin d’une ordonnance pour des bandes de compression. Je crains que la situation ne s’aggrave. Pourriez-vous m’envoyer la prescription rapidement ? »

Si cela ne fonctionne toujours pas, essayez une deuxième fois :

Deuxième relance :

« Cher Docteur X, je suis toujours en attente de votre prescription. Madame Y souffre, et la contention pourrait la soulager. Je vous remercie de m’envoyer une ordonnance dès que possible. »

 

Conclusion

 

Ces stratégies peuvent vous aider à accélérer le processus de prescription. N’hésitez pas à partager vos propres astuces dans les commentaires !

 

« J’ai réussi mon DU Plaies. Pourtant rien n’a changé »

« J’ai réussi mon DU Plaies. Pourtant rien n’a changé »

Déception, frustration… Ce sont les sentiments de ceux qui, après avoir obtenu leur DU Plaies et Cicatrisation, se rendent compte que rien n’a changé. Malgré leur passion et leurs compétences, ils peinent à trouver un poste pour déployer leur expertise.

Beaucoup aimeraient travailler en consultations spécialisées, mais les places sont rares et chères. Le turn-over est quasi inexistant, et les quelques postes disponibles dans les centaines de centres existants sont déjà pourvus.

Certes, il existe d’autres alternatives : travailler pour un laboratoire, un prestataire de soins à domicile, faire de la formation ou coordonner un réseau. Mais ce n’est pas ce que tous souhaitent.

Créer une consultation de cicatrisation en solo ou en groupe infirmier, c’est un parcours du combattant : difficultés pour intégrer des réseaux, pour obtenir des prescriptions, accéder aux médecins référents, ou tout simplement au dossier médical des patients.

Après avoir échangé avec beaucoup d’entre vous, il apparaît que la solution la plus simple est de se rapprocher d’un médecin ou d’un groupe de médecins en ville. Ils pourraient être actifs dans le projet ou simplement référents en cas de besoin.

Cette approche présente de nombreux avantages : elle élimine le besoin de trouver un médecin prescripteur, ouvre les portes des réseaux de spécialistes, et simplifie le parcours du patient. Avec un médecin, vous pouvez constituer un centre de plaies de premier recours !

Si vous vous reconnaissez dans cette situation ou si vous connaissez quelqu’un qui pourrait être concerné, n’hésitez pas à forwarder ce post. Ensemble, faisons en sorte que plus de professionnels de la cicatrisation trouvent leur place ! 👍🔄

 

Dermite de contact : protocole complet de traitement et prévention des récidives

Comprendre la dermite de contact : irritative ou allergique

Les dermites de contact, qu’elles soient irritatives ou allergiques, peuvent compromettre la cicatrisation des plaies. Leur prise en charge repose sur un protocole clair, applicable aux deux formes.

Traitement local : les étapes essentielles

Éviction complète de l’agent causal

L’identification et l’élimination de l’agent irritant ou allergène est la priorité absolue.
Notez systématiquement cet agent dans le dossier clinique et informez le patient, l’équipe soignante et les correspondants.

Nettoyage doux, sans produit agressif

Évitez antiseptiques, antibiotiques locaux, savons parfumés. Utilisez uniquement un syndet à pH neutre, non irritant.

Lésions exsudatives : assèchement local

Utilisez des pansements absorbants, non occlusifs, non adhésifs et hypoallergéniques : interfaces, fibres superabsorbantes, alginates.

Application précoce de dermocorticoïdes

En l’absence d’infection locale, appliquez un dermocorticoïde de classe 2 dès le départ. Suivez une cure décroissante rapide :

  • 2x/jour → 1x/jour → un jour sur deux → 2x/semaine avec un émollient

Puis relais par un émollient quotidien à l’arrêt des corticoïdes.

Traitements complémentaires

Ajoutez un antihistaminique oral si besoin (prurit, urticaire).
Réservez une corticothérapie orale aux formes généralisées, rares et sévères.

Prévention des récidives : stratégie rigoureuse

Traçabilité de l’agent causal

Inscrivez clairement l’agent déclencheur dans le dossier.
Informez tous les intervenants. Ajoutez une alerte dans le suivi si nécessaire.

Supprimez les produits irritants

Évitez :

  • Antiseptiques (chlorhexidine, bétadine, etc…)
  • Antibiotiques locaux
  • Lingettes imprégnées agressives
  • Savons parfumés ou détergents

Choisissez les bons pansements

Évitez :

  • Pansements occlusifs (hydrocolloïdes, polyuréthanes, siliconés)
  • Adhésifs agressifs

Préférez :

  • Pansements non adhésifs
  • Interfaces
  • Fibres superabsorbantes
  • Alginates

Surveillance à long terme

Même après cicatrisation, le risque de rechute persiste si l’agent causal est réintroduit.
Maintenez les précautions dans le temps. Formez le patient et les aidants.

Conclusion : traitement + prévention = cicatrisation durable

Une dermite bien soignée, c’est :

  • Une éviction rigoureuse
  • Un traitement local maîtrisé
  • Une vigilance durable

Ulcère sur nécrobiose lipoïdique : reconnaître et traiter une plaie diabétique atypique

L’ulcère du patient diabétique ne se résume pas aux causes veineuses ou artérielles.

La nécrobiose lipoïdique, dermatose rare mais sous-estimée, peut entraîner des ulcères à fort potentiel de chronicisation. Cet article vous aide à en identifier les signes, à adapter vos soins et à éviter des erreurs fréquentes.

Qu’est-ce que la nécrobiose lipoïdique ?

Une dermatose inflammatoire chronique

Elle touche le derme et l’hypoderme et se caractérise par des dépôts lipidiques et une inflammation granulomateuse. La physiopathologie reste mal élucidée.

Liens avec le diabète

Jusqu’à 90 % des patients atteints sont diabétiques. L’incidence reste faible (0,3 à 2 %), mais le diagnostic est essentiel pour éviter les ulcérations.

Comment reconnaître une plaque de nécrobiose ?

  • Forme : plaque ovalaire, bordure rouge surélevée, centre jaunâtre et atrophique

  • Localisation : faces antéro-internes des jambes

  • Évolution possible : ulcération, surtout après un choc mineur

Précautions spécifiques en cas d’ulcère

Détersion et nettoyage

➡️ Soins très doux sans frotter
➡️ Éviter curettage, compresses adhérentes ou pansements traumatiques

Choix du pansement

  • Interfaces silicone ou hydrofibres

  • Pas d’adhésif collé à la peau lésée

  • Compression légère si artères perméables (IPS ≥ 0,8)

Application de dermocorticoïdes

➡️ Appliquer uniquement sur la bordure rouge inflammatoire, jamais sur le centre atrophique

Coordination interprofessionnelle essentielle

  • Infirmière : éducation, surveillance, soins atraumatiques

  • Dermatologue : confirmation diagnostique (biopsie) et orientation thérapeutique

  • Médecin traitant : prise en charge globale du diabète et des comorbidités

Conclusion

Reconnaître une nécrobiose lipoïdique permet d’éviter un traitement inadapté et de prévenir la chronicisation de plaies atypiques. La coordination des soins et la connaissance des gestes justes font toute la différence.

Spécificité de la prise en charge des plaies chez le patient atteint de démence

Introduction

La démence constitue un véritable défi en matière de cicatrisation des plaies.
Elle augmente le risque de blessures et ralentit leur guérison.

Si le traitement des plaies reste le même que pour un patient non dément, les difficultés majeures résident dans :

  • L’approche du patient,
  • La réalisation du soin,
  • La conservation du pansement jusqu’au prochain soin.

Le moment du soin est souvent redouté par le patient, ce qui peut freiner la cicatrisation.

Les types de plaies chez les patients atteints de démence

Les plaies aiguës

Les patients déments présentent un risque accru de plaies aiguës en raison de :
✔️ Troubles comportementaux,
✔️ Déambulation prolongée,
✔️ Chutes fréquentes,
✔️ Traumatismes répétés.

De ce fait, on observe une augmentation des plaies chirurgicales en traumatologie.

Les plaies chroniques

Certains types de démences sont associées à des plaies spécifiques :
✔️ Démence vasculaire → augmentation des ulcères artériels,
✔️ Maladie d’Alzheimer → lésions de grattage,
✔️ Démence à corps de Lewy → plaies dues aux chutes,
✔️ Chorée de Huntington → traumatismes répétés.

L’impact du stade de la démence sur la cicatrisation

Le comportement du patient varie en fonction de l’évolution de la maladie :
🟢 Troubles cognitifs légers : certains patients deviennent obsédés par leur plaie, tandis que d’autres la négligent totalement.
🟠 Stade modéré à sévère : l’aggravation des troubles cognitifs complique la prise en charge et les soins deviennent plus difficiles.

Les plaies spécifiques aux patients déments

Les plaies aiguës

L’auto-agressivité et l’agressivité envers autrui entraînent souvent des blessures :
✔️ Déchirures, dermabrasions,
✔️ Morsures humaines,
✔️ Plaies buccales dues à des troubles alimentaires (le patient confond l’alimentation avec les couverts, l’assiette, le verre, etc…)

Les plaies chroniques

Chez ces patients, certaines habitudes aggravent les plaies :
✔️ Gestes répétitifs causant des lésions,
✔️ Grattage incontrôlé (ex. prurit sénile),
✔️ Brûlures graves dues à un manque de perception de la douleur (ex. eau trop chaude, contact prolongé avec un radiateur),
✔️ Lésions iatrogènes liées aux contentions physiques mal adaptées.

La douleur et le refus des soins : un frein à la cicatrisation

L’agitation peut être un signe de douleur non verbalisée.
Si la douleur est ignorée, cela retarde la cicatrisation et aggrave l’état du patient.

Le refus de soin peut être lié à plusieurs facteurs :
✔️ Incompréhension du soin,
✔️ Amnésie (le patient oublie qu’il a une plaie et qu’il a un pansement, une bande, etc..),
✔️ Perception effrayante de la plaie.

Comment optimiser la cicatrisation des plaies chez le patient dément ?

🔹 Connaître l’historique médical du patient pour mieux anticiper les complications,
🔹 Renforcer la surveillance cutanée,
🔹 Limiter les dangers environnementaux,
🔹 Établir une stratégie d’approche personnalisée,
🔹 Optimiser le maintien du pansement entre deux soins,
🔹 Respecter l’éthique et adapter la prise en charge à la situation du patient.

Complications des plaies chroniques chez les patients immunodéprimés : ce qu’il faut savoir

Complications des plaies chroniques chez les patients immunodéprimés : ce qu’il faut savoir

La cicatrisation d’une plaie chronique peut être gravement perturbée chez un patient immunodéprimé. Ces situations, bien que fréquentes, restent encore trop souvent sous-diagnostiquées ou mal prises en charge.

Dans cet article, nous passons en revue les principales complications liées à l’immunodépression, et les signaux d’alerte à ne pas négliger dans le traitement des plaies.

🔎 Qu’est-ce qu’un patient immunodéprimé ?

L’immunodépression correspond à une diminution des défenses immunitaires. Ici, on parle uniquement d’immunodépressions acquises (non génétiques).

Les causes les plus fréquentes :

  • Maladies inflammatoires chroniques : polyarthrite rhumatoïde, MICI…

  • Pathologies auto-immunes

  • Cancers, diabète, insuffisances sévères (cardiaque, rénale, respiratoire)

  • Infections chroniques comme le VIH

  • Traitements immunosuppresseurs (corticoïdes, biothérapies, chimiothérapies, etc.)

⚠️ Pourquoi les plaies cicatrisent mal chez ces patients ?

Une immunodépression perturbe les différentes phases de la cicatrisation. Résultat : la plaie stagne, se surinfecte ou évolue de manière atypique.

Principales complications à surveiller :

1. Retard de cicatrisation

C’est souvent le premier signal. Une plaie qui ne suit pas son évolution naturelle malgré un protocole bien conduit doit alerter.

2. Infections atypiques

Chez ces patients, on peut observer :

  • Des bactéries inhabituelles ou multirésistantes

  • Des mycobactéries atypiques

  • Des infections fongiques rares

  • Des réactivations virales : zona, herpès…

3. Origine cancéreuse

Une plaie qui ne cicatrise pas peut aussi révéler un cancer cutané.
⚠️ Exemple : le carcinome épidermoïde, à fort potentiel métastatique.

🧠 Expertise plaies et cicatrisation : penser au terrain

Le terrain immunitaire d’un patient doit systématiquement être réévalué en cas d’évolution inhabituelle d’une plaie.

🔹 La prise en charge des plaies ne peut être dissociée d’une approche globale du patient.
🔹 Identifier une immunodépression permet d’adapter le traitement, d’anticiper les complications et, parfois, de sauver la vie du patient.

Talon noir : escarre ou ischémie sévère ? Comment poser le bon diagnostic et agir vite

Talon noir : escarre ou ischémie sévère ? Comment poser le bon diagnostic et agir vite

Un talon noir n’est jamais à prendre à la légère. Si on pense immédiatement à une escarre du talon, il peut en réalité s’agir d’une ischémie sévère, surtout chez les personnes âgées.
Dans certains cas, ce talon nécrosé correspond à une escarre stade 3 ou escarre stade 4, mais il faut savoir reconnaître les signes qui doivent alerter sur une pathologie artérielle sous-jacente.

 

Quand suspecter une ischémie au lieu d’une simple escarre du talon ?

Chez le sujet âgé, la présence d’une escarre du talon nécrotique, sèche, douloureuse et bilatérale doit faire suspecter une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI).

Près de 1 personne sur 4 après 80 ans est concernée par une AOMI.

Les signes à rechercher :

  • Absence de pouls pédieux ou tibial
  • Douleur de repos
  • Coloration noire et sèche, sans exsudat
  • Escarre du talon homolatérale et surtout bilatérale non infectée

Examens à faire sans tarder

  1. Palper les pouls périphériques
  2. Mesurer l’index de pression systolique (IPS) :
    • < 0,9 = AOMI probable
    • > 1,3 = médiacalcose
  3. Mesurer la pression au gros orteil (< 30 mm Hg = ischémie critique)
  4. Prescrire un écho-Doppler artériel des membres inférieurs en urgence

Escarre talon : attention au stade et au traitement

Le traitement dépend du stade de l’escarre :

  • Escarre stade 2 : atteinte du derme, parfois suintante
  • Escarre stade 3 : perte de substance plus profonde
  • Escarre stade 4 : nécrose étendue, atteinte des structures profondes jusqu’à l’os (calcanéum).

Mais si l’escarre du talon est sèche, noire, adhérente et non infectée, il ne faut jamais débrider sans avis vasculaire préalable. Cela pourrait aggraver une ischémie et précipiter une amputation.

 

Escarre talon gauche photo nécrose sèche stade 4 sur AOMI

Traitement en urgence : les bons réflexes

Ne jamais oublier la décharge

👉 Utiliser un coussin anti escarre pour le talon ou une botte anti escarre pour le talon pour garantir une décharge permanente, au lit comme à la marche.

Adapter la nutrition

Une prise en charge nutritionnelle est systématique :

  • 30–35 kcal/kg/j
  • 1,25–1,5 g protéines/kg/j
  • Compléments nutritionnels hyperprotéinés
  • Arginine, zinc, vitamine C si carence

Quand s’agit-il d’une véritable urgence médicale ?

Consultez rapidement un spécialiste vasculaire en cas de :

  • Douleur de repos persistante
  • Gangrène humide
  • Signes d’infection systémique
  • IPS < 0,4 ou pression du gros orteil < 30 mm Hg

Conclusion : ne jamais banaliser un talon noir

Un talon noir peut masquer une ischémie sévère, pas juste une escarre du talon.

Diagnostiquer tôt, c’est éviter le mauvais traitement, préserver le membre et parfois sauver une vie.

 

Kératoacanthome : lésion cutanée de croissance rapide et prise en charge

Kératoacanthome : lésion cutanée de croissance rapide et prise en charge

Qu’est-ce qu’un kérato-acanthome ?

une lésion de croissance rapide

il s’agit d’une tumeur épithéliale qui se développerait à partir du follicule pilo sébacé

Au début il peut être confondu avec une hyperkératose une verrue ou des molluscums contagiosum, des nodules de prurigo.
il peut survenir à la suite d’une plaie ou d’un traumatisme
il est de survenue brutale avec une croissance très rapide.

Présentation clinique

en général cela commence par une papule érythémateuse qui passe inaperçue puis en quelques jours se forme une tumeur nodulaire violacée symétrique bien limité comme posé sur la peau
Il forme un bourrelet périphérique revêtu d’un épithélium lisse et avec un cratère central rempli de matériel corné

il régresse spontanément en deux à 12 semaines par un affaissement du bourrelet et l’élimination du cratère central. il laisse une cicatrice souvent atrophique et inesthétique
il peut ensuite évoluer vers une ulcération extensive.

Variantes cliniques

la forme la plus fréquente et la forme dite unique ou solitaire qui prédomine au niveau de la partie distale des membres et le visage avec un diamètre inférieur à 3 cm. la régression de cette lésion se fait habituellement entre deux à trois mois

la forme extensive et ulcéreuse est plus rare et très active elle est plutôt décrite au niveau des lèvres des nez et des paupières

il peut y avoir aussi des formes géantes suite à la confluence de plusieurs kérato-acanthome et qui siège sur les avant-bras

il existe enfin des kérato-acanthomes multiples d’origine génétique et familiale ou suite à un déficit de l’immunité cellulaire.

keratoacanthome photo
keratoacanthome coude photo

Diagnostic différentiel et confirmation

le kérato-acanthome est considéré aujourd’hui comme une forme de particulière de carcinome épidermoïde avec un risque métastatique très faible par rapport à au carcinome épidermoïde invasif (< 1 %).

l’aspect clinique est très évocateur mais nécessite des biopsies pour confirmer le diagnostic.

Les diagnostics différentiels sont : carcinome épidermoïde invasif (SCC), carcinome basocellulaire nodulaire/ulcéré, pyogranulome, mélanome amélanotique, molluscum géant chez l’immunodéprimé, pseudo-lymphome cutané.

Facteurs de risque

l’étiologie est mal connue elle semble liées à plusieurs facteurs souvent intriqués :
facteurs génétiques, facteurs infectieux, en particulier certains virus comme le PVH, l’immunodépression (hémopathie maligne ou traitement immunosuppresseurs), facteur environnementaux comme l’exposition solaire ainsi que les causes traumatiques , le contact avec les carcinogènes chimiques comme le goudron

Comment se soigne un kérato-acanthome ?

En théorie l’évolution spontanée du kérato-acanthome devrait conduire à une abstention thérapeutique et une surveillance mais en pratique le caractère rapidement évolutif est souvent inquiétant pour le patient ainsi que la crainte de transforme d’évolution en carcinome épidermoïde invasif

le traitement repose avant tout sur une exérèse chirurgicale précoce notamment la chirurgie de Mohs

Si le patient est opposé à la chirurgie ou si la chirurgie est potentiellement mutilante ou dans le cas de kérato-acanthome de grande taille on peut discuter des injections intra-lésionnelles de chimiothérapie locale.

dans les cas de lésion multiple l’exérèse chirurgicale peut être couplée à un traitement par rétinoïde par voie orale

Traitement d’exception : chimiothérapie par voie générale ou locale, thérapie ciblée et radiothérapie

Dans tous les cas : pas de traitement sans examen anatomopathologique.

Le risque de récidive est faible (< 2 %)

Prévention et suivi

La prévention repose sur la protection solaire écran total, une surveillance cutanée annuelle chez le transplantés/ID.
Informer sur la rapidité de croissance → consultation précoce.

En résumé en cas de suspicion adresser pour auprès du spécialiste pour biopsies.
En attendant poursuite des soins locaux avec les pansements habituels en fonction du degré d’humidité s’il y a un écoulement ou une ulcération.
En cas de « lésion sèche » pas de pansement particulier.

les méthodes de détersion curetage électrocutoagulation vaporisation laser, cryochirurgie etc sont à éviter car la destruction est souvent incomplète et favorise les récidives et elle ne permet pas une étude anatomopathologique.

Cas clinique

Un cas clinique
patiente de 84 ans immunodéprimée suite à des traitements immunosuppresseurs pour rhumatisme psoriasique.
Elle a présenté une plaie de jambe gauche suite à un choc qui est rapidement devenu nodulaire.
Sachant qu’elle était sous anticoagulant oraux, le médecin traitant a pensé qu’il s’agissait d’un hématome en constitution.
mais avec le temps la lésion a continué à grossir avec une légère dépression croûteuse en son centre.
Des biopsies sont décidées. Une anesthésie locale à la XYLOCAINE adrénalinée est préparée. Au moment de l’infiltration sous-cutanée de la lésion au produit anesthésiant, la lésion s’est brutalement ouverte en chou-fleur, témoignant du caractère friable du bouchon kératinique. La lésion semble avoir été retirée en totalité.

l’examen anatomo-pathologique a confirmé le kérato-acanthome et la plaie est en bonne voie de cicatrisation. Mais il n’est pas certain que la totalité ait été enlevée. Une chirurgie a été proposée mais la patiente est pour l’instant réticente. Le dermatologue a donc décidé de la revoir pour une surveillance régulière.

keratoacanthome photo jambe
keratoacanthome photo jambe après infiltration
keratoacanthome photo jambe après biopsie : plaie en voie de cicatrisation

Questions fréquentes sur le kérato-acanthome

Comment différencier le kérato-acanthome du carcinome épidermoïde ?

l’aspect clinique est très évocateur mais nécessite des biopsies pour confirmer le diagnostic.
Les diagnostics différentiels sont : carcinome épidermoïde invasif (SCC), carcinome basocellulaire…

Quel est le facteur de risque du kérato-acanthome ?

l’étiologie est mal connue ; facteurs génétiques, PVH, immunodépression, exposition solaire, traumatismes, goudron…

Comment se soigne un kérato-acanthome ? / Quel est le meilleur traitement ?

le traitement repose avant tout sur une exérèse chirurgicale précoce notamment la chirurgie de Mohs.
Injections intra-lésionnelles ou rétinoïdes oraux peuvent être discutés selon les cas.

Le kérato-acanthome est-il douloureux ?

La lésion est habituellement indolore, mais une ulcération extensive peut devenir sensible.

Le kérato-acanthome peut-il guérir tout seul ?

il régresse spontanément en deux à 12 semaines mais peut laisser une cicatrice et la crainte d’un SCC justifie souvent l’exérèse.

Cannabis et artériopathie oblitérante des membres inférieurs : plaie nécrotique du sujet jeune

Cannabis et plaie des membres inférieurs : un danger sous-estimé

Le cannabis est souvent perçu comme inoffensif, pourtant il peut provoquer une artérite oblitérante des membres inférieures distale grave, notamment chez le sujet jeune. Ce cas clinique d’ischémie digitale souligne les dangers d’une consommation chronique associée à une plaie infectée.

Cas clinique

  • Contexte
    Homme de 45 ans, plaie ulcérée du 3ᵉ orteil post-ablation de botriomycome.
  • Signes cliniques
    Ulcération pulpaire avec exposition osseuse ; 2ᵉ orteil douloureux. Pression systolique à 32 mmHg = ischémie critique chronique. (Ischémie digitale).

Facteurs de risque et diagnostic

  • Fumeur (10 cig/j) et cannabis quotidien depuis 25 ans.
  • Artériographie : désert vasculaire sans arcade plantaire.
  • Diagnostic : artérite aiguë/chirurgicale, imputable au cannabis.

Prise en charge

  • Résection de l’orteil infecté.
  • Tentative de revascularisation échouée.
  • Vasodilatation par Ilomedine : cicatrisation en 2 mois.
  • Arrêt complet du tabac et cannabis.
  • Chaussage ultra‑souple et mobilisation pour favoriser la circulation collatérale.

Prévention & suivi

  1. Soins locaux + décharge.
  2. Réinterroger régulièrement sur consommation de cannabis.
  3. Revascularisation si possible, sinon vasodilatation.
  4. Encourager la marche et choisir un chaussage adapté.
  5. Protéger les extrémités ; consulter dès la première plaie sous-genou.

Conclusion : mise en garde sur les risques potentiels liés à la consommation de cannabis

Le cannabis n’est pas neutre pour la cicatrisation. Il peut induire une artérite sévère, une ischémie critique, voire une amputation.

👉 En cas de plaie nécrotique chez un sujet jeune, pensez systématiquement à interroger la consommation de cannabis et tabac.

Comment traiter efficacement certaines plaies d’orteils du pied diabétique sans recourir à l’amputation

Introduction

Certaines plaies du pied diabétique, notamment celles situées sur la face dorsale des orteils avec exposition osseuse ou articulaire, posent un vrai défi de cicatrisation.

Trop souvent, ces plaies de petite taille (moins d’un centimètre) mènent à une amputation, alors qu’il existe une approche simple, mécanique et efficace, à mettre en œuvre avant tout traitement complexe.

 

Vérifications indispensables avant tout traitement local

Avant d’appliquer une stratégie de traitement local, il est impératif de vérifier :

  • L’absence d’infection ostéo-articulaire
  • L’absence d’artériopathie des membres inférieurs

Pourquoi ces plaies sont si problématiques ?

La zone exposée empêche la fermeture spontanée. Les mouvements de l’orteil aggravent l’exposition. La proximité de l’os augmente les risques d’infection, rendant la cicatrisation difficile.

 

Une méthode simple et mécanique pour favoriser la cicatrisation

1. Immobilisation de l’orteil

L’orteil malade est immobilisé avec l’orteil adjacent qui sert de tuteur, à l’aide de sparadrap.

2. Prévention des frottements

Intercalez une compresse ou un pansement à base d’alginate pour éviter une nouvelle plaie entre les deux orteils.

3. Mise en hyperextension

Placez l’orteil malade en hyperextension avant de le fixer. Cela réduit la surface exposée et rapproche les bords de la plaie.

4. Padding plantaire

Ajoutez une bande Nylex sous les orteils : lors de la marche, les orteils remontent automatiquement en hyperextension.

Résultat : une cicatrisation facilitée

Lorsque les bords de la plaie sont mécaniquement rapprochés (écart < 2 mm), la fermeture devient possible, même avec un os exposé.

Quel pansement utiliser ?

Utilisez un pansement favorisant un milieu humide contrôlé :

  • Pansements hydrocellulaires
  • Pansements à base de NOSF

Objectif : éviter les bordures sèches ou macérées.

Conclusion

Avec cette approche locale et mécanique, plusieurs cas ont été cicatrisés sans recourir à des traitements secondaires coûteux ou à l’amputation.

Avant toute solution invasive, testez cette méthode simple, reproductible.

L’oxygénothérapie hyperbare : une solution pour les plaies complexes

Introduction

Présentation de l’HBOT, bénéfices et contexte d’utilisation.

Qu’est‑ce que l’oxygénothérapie hyperbare ?

  • Description de la méthode, pression, O₂, effets.

Mécanismes d’action en cicatrisation

  • Hyperoxie : VEGF, fibroblastes, collagène

  • Action antibactérienne : radicaux libres, O₂ et antibiotiques

  • Immunomodulation

  • Vasoconstriction réversible

Indications cliniques

  • Plaies aiguës : écrasement, brûlures, lambeau/greffes menacés, intoxication, embolie

  • Plaies chroniques : ulcères artériels, pied diabétique, lésions post‑radiques, ulcères veineux

Contre‑indications et précautions

  • Pneumothorax, ORL, chimiothérapie, claustrophobie, grossesse, effets indésirables

Protocole courant

  • Étapes, durée, fréquence

Intégration dans le parcours de soins

  • Compléments des traitements, contrôle glycémie, pansements

Preuves scientifiques

  • RCT Löndahl 2013, Annane 2011, méta‑analyse Cochrane 2022

Conclusion

Synthèse, place de l’HBOT, appel à approfondir

3 raisons de biopsier une plaie dès aujourd’hui

La biopsie cutanée de plaie est un geste technique médical courant, mais parfois sous-utilisé. Elle peut pourtant changer totalement la stratégie thérapeutique en cas de plaie chronique, atypique ou suspecte.

Pourquoi biopsier une plaie ?

Dans certains cas, seul l’examen histologique permet :

  • D’identifier une cause tumorale (carcinome épidermoïde)

  • De détecter une infection profonde avec précision

  • D’éliminer des causes rares (vascularite, pyoderma gangrenosum, infections atypiques, etc…)

Quels signes doivent alerter ?

  • Absence de cicatrisation après 6 semaines malgré soins adaptés

  • Douleur inexpliquée

  • Bourgeon charnu ou infiltré

  • Nécrose sans cause vasculaire

  • Plaie sur terrain immunodéprimé ou cancéreux

  • Localisation atypique (au-dessus du genou…)

  • Plaie trainante depuis plus de 6 mois

Comment réaliser une biopsie de plaie ?

Matériel :

  • Punch ≥4 mm (souvent 2 à 3 prélèvements)

  • Bistouri si nécessaire

Anesthésie :

  • Lidocaïne seule ou associée à l’adrénaline (sauf extrémités : doigts, orteils, nez, verge)

Prélèvement :

  • Toujours après désinfection rigoureuse

  • En périphérie de la plaie

  • Zone active si doute clinique

Trois grands cas cliniques

1. Suspicion tumorale

Biopsie des berges et zones hypertrophiques. Fixation au formol, envoi en anatomopathologie.

2. Suspicion infectieuse

Biopsie profonde après détersion. Rinçage au sérum physiologique. Envoi en bactériologie dans un flacon stérile (sans formol).

3. Ulcère atypique ou rare

Recherche de vascularite, pyoderma, calciphylaxie, infection par mycobactéries ou parasites. Biopsie de la bordure active.

Risques et contre-indications

  • Risques : saignement, douleur post-acte, cicatrisation retardée

  • Contre-indications relatives : zones irradiées, mal vascularisées, patients sous AOD, extrémités (doigts, nez), zones proches d’un os ou matériel


👉 Une biopsie bien réalisée oriente la prise en charge et peut éviter des mois d’errance thérapeutique.

Escarre qui stagne après 3 semaines : les 3 axes à explorer

Pourquoi une escarre stagne-t-elle malgré un traitement bien conduit ?

Quand une escarre ne progresse plus après 3 semaines de soins adaptés, il est important de revoir les fondamentaux.

Voici 3 axes essentiels à analyser pour relancer la cicatrisation.

1. Vérifier la qualité de la décharge

Un défaut de décharge est l’une des premières causes de stagnation.

Questions à se poser :

  • Le matériel utilisé est-il adapté et en bon état ?

  • La décharge est-elle permanente (jour, nuit, transferts) ?

  • Les changements de position sont-ils réguliers ?

  • Le patient est-il coopérant ?

  • Une douleur ou pathologie limite-t-elle le repositionnement ?

2. Réévaluer la plaie

La plaie elle-même peut présenter des freins à la cicatrisation.

À vérifier :

  • Présence de tissu fibrineux ou nécrotique qui se reforme rapidement

  • Exsudats abondants inexpliqués

  • Signes d’infection (ostéo-articulaire, biofilm, tissus mous)

  • Détersion effectuée correctement ?

  • Pansement bien toléré et adapté au type de plaie ? (macération, plaie asséchée, lésion provoquée)

  • En cas d’escarre talonnière : suspicion d’AOMI ?

  • Peau périlésionnelle : macération, irritation, allergie, hyperbourgeonnement ?

3. Revoir l’état général du patient

Une stagnation peut aussi refléter une dégradation globale de l’état du patient.

Pistes à explorer :

  • Nouvelle pathologie ? Comorbidités décompensées ?

  • Apports nutritionnels suffisants ? Régime hyperprotéiné respecté ? hydradation suffisante ?

  • Médicaments ralentissant la cicatrisation (corticoïdes, chimiothérapie, etc.) ?

  • Mobilité réduite récemment ?

  • Incontinence bien prise en charge ?

Approche globale et pluridisciplinaire

Ne l’oublions pas : les freins à la cicatrisation sont souvent plurifactoriels.

Il est indispensable de mobiliser l’ensemble des professionnels de santé :

  • Infirmiers et médecins experts plaies

  • Diététicien(ne)

  • Kinésithérapeute

  • Ergothérapeute

  • Chirurgiens (plasticiens, orthopédistes)

En résumé

Face à une escarre stagnante, reprendre tout depuis le début, en structurant votre démarche.

C’est là que réside la véritable expertise en traitement des plaies.

Dermite irritative ou allergique : comment et quand tester ?

Pourquoi différencier dermite irritative et allergique ?

Symptômes similaires, causes opposées : l’irritation est une agression directe ; l’allergie, une réaction immunitaire.
Une erreur de diagnostic prolonge la souffrance et ralentit la guérison.

Les tests cutanés pour orienter le diagnostic

Test d’usage

  • Appliqué au pli du coude

  • Produit pur ou dilué, sous film occlusif

  • Surveillance jusqu’à 7 jours

  • Résultat positif = produit incriminé

Limites

  • Ne teste qu’un produit à la fois

  • Ne précise pas l’ingrédient en cause

  • Faux négatifs possibles

Mode d’emploi détaillé du test d’usage

  1. Nettoyer et sécher le pli du coude
  2. Appliquer une noisette du produit suspect
  3. Couvrir avec un pansement transparent (type Tegaderm®)
  4. Inscrire la date et l’heure
  5. Laisser poser 4 jours
  6. Surveiller l’apparition de rougeur ou eczéma jusqu’à J7

Les patch-tests : pour un diagnostic précis

En quoi consistent-ils ?

  • Réalisés par un allergologue ou dermatologue

  • Application d’environ 30 allergènes standards + substances personnalisées

  • Lecture à 48h, 72h, parfois J7

Personnalisation selon le patient

On peut ajouter :

  • Produits personnels : crèmes, pansements, cosmétiques

  • Substances professionnelles : gants, désinfectants, résines

  • Allergènes liés aux loisirs : peinture, bijoux, colles…

Quand orienter vers les patch-tests ?

  • Si le test d’usage est négatif mais les signes persistent

  • Si plusieurs produits sont suspects

  • En contexte professionnel à risque

  • Avant une réexposition thérapeutique

Précautions pratiques à ne pas oublier

  • Toujours dater la pose du test

  • Ne pas négliger les réactions retardées (jusqu’à J7)

  • Assurer un suivi rigoureux des signes cliniques

Conclusion : en cas de doute, testez

Le test d’usage est un outil simple, rapide et accessible.
Les patch-tests permettent un diagnostic plus fin et ciblé.
➡️ Ne restez pas dans le flou : testez, observez, collaborez avec les spécialistes.

Irritation ou allergie cutanée : comment faire la différence en cicatrisation ?

Irritation ou allergie cutanée : comment faire la différence en cicatrisation ?

Dans la prise en charge des plaies, différencier une irritation cutanée d’une allergie de contact est essentiel.
Une confusion peut entraîner un retard de cicatrisation ou une aggravation de la lésion.

Dans cet article, nous vous proposons un tableau synthétique pour distinguer ces deux diagnostics fréquents en pratique clinique.

Pourquoi c’est important en traitement des plaies

Les dermatites irritatives comme les dermatites de contact allergiques sont des causes courantes d’échec de cicatrisation.

Elles peuvent être induites par :

  • les pansements et les adhésifs,

  • les antiseptiques,

  • les crèmes ou les émollients,

  • les dispositifs de compression (bandes, chaussettes, etc.).

Mal identifiées, elles peuvent conduire à des traitements inadaptés, retarder la cicatrisation ou masquer une surinfection.

Les signes cliniques à connaître

Voici un tableau comparatif pour différencier irritation et allergie cutanée, basé sur les critères cliniques et l’anamnèse.

Dermatite irritative

  • Apparition rapide (souvent dès les premières applications)

  • Zone d’irritation limitée au contact

  • Symptômes prédominants : brûlures, sécheresse, fissures

  • Réaction dose-dépendante

  • Pas de récidive à distance

Dermatite allergique de contact

  • Apparition différée (24-48h après contact)

  • Extension possible en dehors de la zone d’application

  • Symptômes : érythème, œdème, prurit, vésicules

  • Réaction à faible dose

  • Réapparition rapide en cas de recontact

Ce tableau ne remplace pas les tests allergologiques, mais oriente la réflexion clinique.

Les signes cliniques pour faire la différence entre une allergie et une irritation cutanée

Comment accélérer la cicatrisation quand la compression classique échoue ?

Qu’est-ce que la compression pneumatique intermittente ?

La compression pneumatique intermittente est une technique efficace de prise en charge des ulcères veino-lymphatiques. Elle simule la marche, réduisant ainsi la pression veineuse périphérique.

Pourquoi remplacer les bandages classiques ?

Les bandages multicouches exigent une formation spécifique du personnel. De nombreux patients abandonnent cette méthode à cause du manque de confort et d’une faible observance à long terme.

Limites des bas et chaussettes de contention

Ces dispositifs exercent une pression insuffisante en position verticale, particulièrement chez les personnes assises de manière prolongée.

L’impact de la mobilité sur la cicatrisation

La mobilité de la cheville est cruciale. Les patients immobiles ou peu mobiles cicatrisent moins bien.

Avantages prouvés scientifiquement

La compression pneumatique intermittente a démontré son efficacité pour :

  • Prévenir les thromboses veineuses

  • Accélérer la cicatrisation des ulcères veineux

  • Réduire le lymphœdème

  • Améliorer les ulcères du pied diabétique

  • Favoriser la circulation artérielle chez les patients souffrant d’artériopathie sous contrôle médical

Pour quels patients ?

  • Patients assis longtemps avec jambes pendantes

  • Patients intolérants aux méthodes classiques

  • Patients immobiles ou peu mobiles

Comment l’utiliser au quotidien ?

  • Une séance quotidienne (EHPAD, EMS, HAD à domicile)

  • 2 à 3 séances hebdomadaires chez un kinésithérapeute

  • Possibilité d’équipement personnel selon budget

Conclusion

La compression pneumatique intermittente améliore significativement la prise en charge des ulcères veino-lymphatiques. Elle répond aux limites des méthodes classiques et optimise la cicatrisation des patients.

 

Hyperbourgeonnement des plaies : identifiez les pansements responsables !

Qu’est-ce que l’hyperbourgeonnement induit ?

L’hyperbourgeonnement est un phénomène qui ralentit ou bloque la cicatrisation d’une plaie. Certains pansements couramment utilisés peuvent être à l’origine de ce problème, en particulier ceux contenant de la Carboxyméthylcellulose (CMC).

Quels pansements favorisent l’hyperbourgeonnement ?

1. Hydrocolloïdes

La totalité des pansements hydrocolloïdes contiennent de la CMC et favorisent donc potentiellement l’hyperbourgeonnement.

2. Hydrogels

Presque tous les hydrogels utilisés actuellement contiennent aussi de la CMC.

3. Alginates de calcium

Certains alginates peuvent contenir de la CMC. Soyez attentif aux compositions telles que :

  • Askina Sorb
  • Biatain Alginate
  • Melgisorb
  • Algoplaque

4. Hydrofibres à base de CMC

  • Hydrofibres contenant de la CMC pure : Aquacel, Kerracel.
  • Hydrofibres contenant la CMC associée à d’autres composants : Biatain Fiber, Biosorb.

5. Interfaces imprégnées

Certaines interfaces seules ou associées à d’autres matériaux contiennent également de la CMC, comme la gamme URGO, Lomatuell H, Physiotull.

6. Autres pansements inducteurs

  • Tulles gras
  • Hydrofibres contenant du Polyalcool de Vinyle (PVA), comme Exufiber

Que faire en cas d’hyperbourgeonnement ?

Étape 1 : Arrêter immédiatement le pansement responsable

Il est primordial d’identifier et d’arrêter l’utilisation du pansement incriminé.

Étape 2 : Appliquer un dermocorticoïde

Sous prescription médicale, appliquer un dermocorticoïde de classe 2, en couche épaisse, directement sur les bourgeons. Exemples :

  • Locoïd
  • Nérisone
  • Diprosone
  • Betneval
  • Flixovate
  • Efficort

Ce traitement doit être maintenu jusqu’à l’aplanissement complet des bourgeons, généralement sous un pansement hydrocellulaire.

Étape 3 : Reprendre une cicatrisation saine

Après résolution du problème, choisissez un pansement non inducteur d’hyperbourgeonnement pour poursuivre la cicatrisation (par exemple, un hydrocellulaire ou une autre classe de pansements).

Conclusion

Le choix adéquat du pansement est crucial pour une cicatrisation saine et rapide. Connaître les composants à risque permet d’éviter efficacement l’hyperbourgeonnement et ses conséquences négatives.

Le sérome décrypté : causes, diagnostic et solutions efficaces

Introduction

Les séromes sont des épanchements lymphatiques qui s’accumulent dans un espace mort après une chirurgie ou un traumatisme. Ils peuvent être bénins mais nécessitent parfois une prise en charge spécifique pour éviter complications et récidives.

Types de séromes

Il existe deux principaux types de séromes :

  • Le sérome post-opératoire, apparaissant après une intervention chirurgicale impliquant un grand décollement cutané (ex. mastectomie, plastie abdominale).
  • Le sérome post-traumatique ou syndrome de Morel-Lavallée, survenant après un choc tangentiel violent (ex. chute à ski, accident de la route, sport de contact).

Mécanisme et localisation

  • Le sérome post-traumatique est causé par le cisaillement des tissus, séparant la peau et la graisse sous-cutanée du fascia musculaire, créant un espace où s’accumule du liquide lymphatique.
  • Les zones les plus touchées sont la face latérale de la cuisse, la hanche, la région fessière et le genou.

Symptômes

  • Masse sous-cutanée fluctuante augmentant progressivement de volume.
  • Risque de fistulisation et de nécrose cutanée.
  • Possibilité d’infection ou de formation d’un pseudokyste encapsulé.

Diagnostic

  • Examen clinique
  • Échographie transcutanée pour confirmer la présence du sérome.
  • IRM en cas de doute diagnostique.

Traitements

Traitement conservateur (pour les petits séromes fermés)

  • Ponctions itératives pour évacuer progressivement l’épanchement.
  • Pressothérapie et bandage semi-compressif après chaque ponction.
  • Repos pour éviter la réaccumulation de liquide.

Traitement chirurgical (pour les séromes volumineux, ouverts ou infectés)

  • Drainage chirurgical avec débridement de la cavité.
  • Lavage abondant et mise en place d’un drain aspiratif ou d’une thérapie par pression négative.
  • Suture de la plaie si possible.

Options en cas de récidive

  • Sclérothérapie : injection de doxycycline pour provoquer une inflammation et coller les tissus.
  • Quilting percutané : sutures internes pour réduire l’espace mort.
  • Évacuation chirurgicale précoce pour limiter le risque de rechute.

Cas cliniques

Sérome post-opératoire

Un patient opéré du rachis cervical a présenté un sérome post-opératoire avec désunion de l’incision. Une compression semi-compressive appliquée pendant un mois a suffi pour obtenir la guérison.

Syndrome de Morel-Lavallée

Une patiente victime d’une chute à ski a développé un sérome sur la face externe de la cuisse gauche. Après une première ponction et port de bas de contention, un second drainage et une compression renforcée ont permis la disparition complète du sérome en trois mois.

Conclusion

✔ Un sérome peut être bénin mais doit être surveillé pour éviter les complications. ✔ Une prise en charge adaptée permet de limiter les récidives. ✔ Le choix entre traitement conservateur et chirurgical dépend du volume et de l’évolution de la lésion.

 

10 questions indispensables pour bien traiter une plaie du membre inférieur

Introduction

Les plaies des membres inférieurs peuvent avoir de multiples causes. Une mauvaise identification des facteurs sous-jacents peut entraîner un retard de cicatrisation ou des complications sévères.

Dans cet article, nous vous proposons 10 questions essentielles à poser lors de l’évaluation d’une plaie, afin d’assurer une prise en charge optimale et personnalisée.

1. Y a-t-il une artériopathie des membres inférieurs ?

L’artériopathie est une cause majeure de retard de cicatrisation.
📌 Examen clinique :

  • Palpation des pouls périphériques
  • Recherche de signes cliniques secondaires
  • Mesure des IPS et IPSO
  • Écho-doppler artériel

2. Y a-t-il une hyperpression veineuse ?

Deux origines possibles :
Hyperpression veineuse centrale : insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique sévère
Hyperpression veineuse périphérique :

  • Insuffisance veineuse superficielle (varices)
  • Insuffisance veineuse profonde (syndrome post-phlébite)
  • Insuffisance veino-lymphatique (troubles de la marche, raideur ou ankylose de cheville, obésité, chirurgie des MI récente…)

3. Y a-t-il une infection ?

L’infection peut être locale, loco-régionale ou générale.

Il est essentiel d’évaluer également les signes d’infection ostéo-articulaire associée.

4. Y a-t-il un problème d’appui ?

Certains troubles neurologiques favorisent l’apparition de plaies chroniques, notamment :

  • Neuropathie diabétique périphérique
  • Autres troubles neurologiques affectant la marche

5. Y a-t-il un problème de nutrition ?

Un état nutritionnel dégradé ralentit la cicatrisation.
🔎 Vérifications :

  • Évaluation par le Mini Nutritional Assessment (MNA)
  • Recherche de carences vitaminiques (notamment vitamine C)

6. Y a-t-il des comorbidités associées ?

Certaines pathologies aggravent les plaies :

  • Obésité, diabète
  • Dialyse (risque de calciphylaxie)
  • Cancer sous traitement (vascularite, infection, métastases ulcérées)
  • Maladies auto-immunes et inflammatoires (vascularite, pyoderma gangrenosum)
  • Médicaments provoquant des ulcères : Hydrea, Nicorandil, Methotrexate, etc…
  • Médicaments influençant la cicatrisation (immunosuppresseurs, immunomodulateurs corticoïdes, AINS prolongés)

7. Y a-t-il un aspect atypique ?

Une plaie non conventionnelle doit faire suspecter :

  • atypie de la plaie : ulcère tumoral, angiodermite nécrotique, pyoderma gangrenosum
  • granulome inflammatoire après désunion chirurgicale : infection post-chirurgicale ou réaction à un corps étranger (fils)
  • Anomalies de la peau périlésionnelle : bulles, pustules, purpura, livédo, nécroses multiples, micro-abcès, nodule (tumeur). 

8. Y a-t-il des facteurs sociaux ?

L’environnement du patient impacte la prise en charge :
🏚️ Logement insalubre, précarité
😞 Isolement, dépression

9. Y a-t-il un contexte particulier de survenue ?

🦟 Retour de pays tropicaux : suspicion de parasites ou de germes atypiques
🩸 Peau noire : risque accru de drépanocytose

10. Y a-t-il une origine traumatique ?

  • Déchirure cutanée,
  • hématome disséquant
  • Morsures, piqûres d’insectes
  • traumatisme minime avec lésion extensive : angiodermite nécrotique, pyoderma gangrenosum

Conclusion

L’évaluation rigoureuse d’une plaie du membre inférieur repose sur un questionnement structuré et une analyse approfondie. Ces 10 questions essentielles permettent d’optimiser la prise en charge et d’accélérer la cicatrisation.

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Nécrose cutanée après injection d’héparine

Introduction

Les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) sont largement utilisées pour prévenir les thromboses veineuses profondes. Cependant, une complication rare mais sévère peut survenir : la nécrose cutanée.

Bien que son incidence soit faible (1 à 3 cas sur 10 000 patients), elle nécessite une prise en charge rapide pour éviter des séquelles graves.

Dans cet article, nous verrons :
✔️ Les signes cliniques qui doivent alerter
✔️ Le mécanisme physiopathologique suspecté
✔️ Le diagnostic et la prise en charge optimale

📌 Lisez jusqu’au bout pour ne manquer aucune information cruciale !

1. Fréquence et caractéristiques de la nécrose cutanée post-héparine

Bien que rare, cette complication peut apparaître :
Au site d’injection ou à distance
Dans les 5 à 14 jours après le début du traitement
Avec ou sans troubles de la coagulation associés

➡️ Une prise en charge rapide est essentielle pour éviter des complications plus graves.

2. Mécanisme physiopathologique suspecté

Les mécanismes exacts restent mal compris, mais plusieurs hypothèses existent :
🔹 Une réaction immunologique entraînant une thrombose intravasculaire des petits vaisseaux cutanés
🔹 Un déficit en protéines C et S favorisant la nécrose

3. Symptômes : comment reconnaître une nécrose cutanée sous HBPM ?

Les premiers signes apparaissent progressivement et doivent être surveillés de près :

1️⃣ Phase initiale :
🔴 Rougeur inflammatoire localisée
🔵 Purpura douloureux et infiltré

2️⃣ Phase évolutive (quelques jours à 2 semaines) :
⚠️ Apparition de la nécrose cutanée
⚠️ Lésion noire et sèche, nécessitant un arrêt immédiat du traitement

4. Diagnostic : confirmation par biopsie

Pour poser le diagnostic, un examen clinique est essentiel, mais la biopsie cutanée reste l’outil clé :
🔬 Présence de thrombi dans les petits vaisseaux sous-cutanés
🚨 Absence de troubles de la coagulation, sauf en cas de déficit en protéines C et S

5. Traitement et prise en charge de la nécrose cutanée post-héparine

📌 Arrêt immédiat des HBPM dès les premiers signes
📌 Contrôle des plaquettes pour exclure une thrombopénie immuno-allergique associée
📌 Suivi dermatologique et hématologique pour adapter la prise en charge

🔴 ⚠️ Si la nécrose est sévère, une prise en charge chirurgicale peut être nécessaire. Peut aller jusqu’au décès en présence de comorbidités importantes. 

Conclusion : soyez vigilants !

La nécrose cutanée sous héparine est rare mais potentiellement grave. Une surveillance attentive et une prise en charge rapide permettent d’éviter les complications.

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Complications cutanées : les conséquences méconnues des drogues

La peau est l’un des organes les plus touchés par les intoxications, en particulier celles liées aux drogues. Certaines voies de consommation entraînent des complications cutanées aiguës et chroniques, souvent méconnues, mais aux conséquences parfois graves.

Dans cet article, nous abordons les impacts des drogues injectables et du cannabis sur la peau, ainsi que les complications associées.

 

1. Sites d’Injection et Évolution

Les sites d’injection évoluent au fil des années d’utilisation :

  • Dès le début : pli du coude
  • Après 2 ans : avant-bras, bras
  • Après 4 ans : dos de la main
  • Après 5 ans : cou, pieds, jambes
  • Après 10 ans : aine, orteils, doigts

⚠️ Cas extrêmes : injection dans des ulcères ou granulomes cutanés lorsque tout le réseau veineux est inutilisable voire dans la veine du dos de la verge.

2. Complications Aiguës : Les Infections

Les infections sont les complications les plus fréquentes des drogues injectables, souvent causées par :

  • Le partage d’aiguilles
  • L’utilisation de salive dans les rituels de préparation

Exemples de complications :

  • Abcès
  • Cellulite
  • Fasciite nécrosante

⚠️ Cas rares : faux anévrisme ou anévrisme mycotique, souvent infecté, apparaissant comme une masse inflammatoire sur un trajet artériel.

3. Ulcères et Nécrose

🔴 Ulcères nécrotiques douloureux : Ces ulcères peuvent apparaître après une injection, en quelques heures seulement. Ils sont causés par :

  • Vasoconstriction
  • Thrombose vasculaire
  • Nécrose tissulaire liée à la toxicité des drogues

Signes précurseurs :

  • Cyanose
  • Livedo
  • Phénomène de Raynaud

4. Complications Chroniques

⏳ Les injections répétées entraînent des dommages irréversibles :

  • Sclérose des veines
  • Incontinence valvulaire
  • Insuffisance veino-lymphatique précoce
  • Thromboses veineuses profondes

5. Marques Cutanées Visibles

Les conséquences des injections répétées incluent :

  • Hypopigmentation linéaire
  • Cicatrices linéaires
  • Tatouages accidentels dus aux dépôts de pigments dans le derme
  • Ulcères cutanés persistants
  • Skin popping : cicatrices ovalaires et atrophiques

6. Puffy Hand Syndrome et Autres Atteintes Graves

🚨 Puffy Hand Syndrome : Un œdème lymphatique chronique des mains et des doigts, persistant même après l’arrêt des drogues.

🔴 Autres atteintes graves :

  • Artérite distale : désert vasculaire, souvent lié au cannabis
  • Fibrose et atrophie cutanée

Conclusion : Informer pour Mieux Agir

Les complications cutanées liées aux drogues sont graves, souvent irréversibles, et nécessitent une prise en charge précoce.

En tant que professionnels de santé, il est crucial d’être informé pour identifier rapidement ces signes et orienter les patients vers les soins adaptés.

Identifier les complications des sites donneurs de greffe pour mieux traiter

Lorsqu’une greffe cutanée est réalisée, l’attention est souvent portée sur la zone receveuse. Pourtant, la gestion du site donneur est tout aussi cruciale pour éviter des complications pouvant compromettre la récupération du patient.

Complications immédiates

Certaines complications surviennent rapidement après le prélèvement et nécessitent une prise en charge adaptée :

  • Saignement : maîtrisé avec des pansements hémostatiques comme les alginates de calcium imprégnés de sérum adrénaliné ou de sulfate ferrique.
  • Douleur : souvent intense dans les premiers jours, elle peut être soulagée par l’utilisation de pansements adaptés comme les alginates et les hydrocellulaires.
  • Surinfection : peu fréquente (environ 3 % des cas), elle peut être bactérienne (traitée par des antibactériens locaux) ou candidosique (présence de pustules nécessitant un antifongique local).
  • Hyperbourgeonnement : fréquent et nécessitant l’application de dermocorticoïdes de classe 2.
  • Retard de cicatrisation : un site donneur bien pris en charge cicatrise en général en trois semaines.
  • Eczéma de contact : causé par certains pansements ou antiseptiques.
  • Prurit sine materia : démangeaisons sans lésions visibles, pouvant être soulagées par des émollients ou des antihistaminiques oraux.
  • Nécrose : rare, elle peut être liée à une infection, un phénomène vasomoteur, ou à la prise de certains médicaments ou toxiques (tabac, cannabis, etc.).

Complications retardées

D’autres complications apparaissent à distance de la greffe et peuvent affecter la qualité de vie du patient :

  • Cicatrices pathologiques : hypertrophiques, chéloïdes ou rétractiles, elles nécessitent une prévention, notamment chez les sujets jeunes, avec une pressothérapie adaptée.
  • Cicatrices dyschromiques : modification de la pigmentation de la peau au niveau du site donneur.
  • Cicatrices instables : elles apparaissent en cas de prélèvements répétés ou étendus avec des réouvertures fréquentes.
  • Alopécie : en cas de prélèvement trop profond sur le cuir chevelu.
  • Cancers cutanés secondaires (très rares) : carcinome basocellulaire et kératoacanthome.
  • Dermatoses tardives : plaques érythémateuses, bulles, érosions et croûtes pouvant survenir des mois ou des années après la greffe (exemples : pustulose érosive, pemphigoïde bulleuse localisée).
  • Lésions sur la zone greffée : si des lésions similaires apparaissent sur la zone receveuse, une biopsie est recommandée pour rechercher un pyoderma gangrenosum superficiel ou une pustulose érosive des membres inférieurs.

Conclusion

La gestion optimale des sites donneurs de greffe est essentielle pour assurer une bonne cicatrisation et éviter les complications. Chaque technique de prélèvement présente ses propres risques, et une surveillance rigoureuse est indispensable pour garantir le meilleur résultat possible.

 

Quelles cicatrices traiter par Laser

Quelles cicatrices peut-on traiter avec un laser ?

Découvrez comment le laser peut corriger divers types de cicatrices et améliorer leur aspect.

Types de cicatrices traitables

 

  • Anomalies de relief
  • Cicatrices déprimées
  • Cicatrices tatouées
  • Cicatrices atrophiques
  • Cicatrices dyschromiques (hyperchromiques/hypochromiques)
  • Cicatrices érythémateuses
  • Cicatrices chéloïdes précoces

Quand intervenir ?

En fin de processus cicatriciel (18 à 24 mois après la blessure).
Selon les spécificités de la cicatrice.

 

Laser et cicatrices en relief

Visage : Laser Erbium YAG ou CO2 (abrasion progressive).
Corps : Laser fractionné ablatif.

 

Cicatrices déprimées

Souvent causées par une perte de substance ou un élargissement cicatriciel.
Chirurgie en priorité.
Laser photo-ablatif complémentaire.
Injection d’acide hyaluronique si nécessaire.

 

Cicatrices tatouées

Surviennent après une chute avec inclusion de corps étrangers (carboné ou tellurique).
Laser Q-switch nano ou pico secondes.
Efface les pigments inclus lors de l’accident.

 

Cicatrices atrophiques

Se caractérisent par un amaincissement du derme.
Laser fractionné pour stimuler le collagène.
Laser CO2 en cas de résultats partiels.

 

Cicatrices hyperchromiques

Hyperpigmentation résultant d’une inflammation, disparaît généralement après quelques mois.
Survient plutôt sur des peaux foncées.
Dépigmentants en premier.
Laser fractionné ablatif ou lumière pulsée si nécessaire.

 

Cicatrices hypochromiques

Liées à un déficit en mélanocytes dermiques et folliculaires.
Lampe ou laser UVB.
Efficace si des mélanocytes subsistent dans la zone.

 

Cicatrices érythémateuses

Laser à colorant pulsé.
Adaptation requise pour les peaux foncées.

 

Cicatrices chéloïdes

Laser précoce associé à compression.
Injections de corticoïdes intra-lésionnelles.